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(près de la frontière hollandaise), de Saint-Roch (près de Bingen) ; de Diebourg (diocèse de Mayence), pour entendre les grands prédicateurs. Le mouvement déborde cette vallée du Rhin, s’étend sur la Silésie, la Westphalie et la Bavière, mais c’est ici qu’il étale son maximum de puissance. Nulle part ailleurs, en Allemagne, le catholicisme n’est ainsi porté par l’ardent dévouement des masses populaires.

Cette vie religieuse agissante, maintes fois, de l’aveu des historiens allemands, elle a été aidée par une vague venue de France ; mais entre ses riches et multiples épanchements, il faut que nous acceptions de nous limiter et que nous fassions un choix. Nous ne parlerons ni des cathédrales du Rhin, ni de ses pèlerinages ni de ses grands prélats, ni du puissant parti du Centre : nous irons tout droit au sanctuaire de la ferveur. Forcés de nous en tenir à l’essentiel, nous choisissons ce qu’il y a de plus significatif et de plus profond dans la religion rhénane : les multiples manifestations de son activité charitable Dans notre précédente leçon, nous venons de voir la Rhénanie ouvrir ses forces dans ses rêves ; maintenant, nous l’allons voir les développer dans des œuvres exemplaires. La charité chrétienne sur le Rhin, voilà le second volet de mon triptyque.

Après nous être fait une idée du trésor amassé par l’imagination rhénane, nous nous mettons à la recherche de quelque chose de plus intérieur et de plus profond. Après le légendaire du Rhin, le livre d’or de sa charité.

Ici nous touchons à son esprit religieux de dévouement et de sacrifice, nous cherchons à connaître son cœur.

Un grand sujet humain, un sujet auquel aucun homme ne peut être indifférent, mais spécialement émouvant pour un Français, car je vais raconter l’époque où le cœur de la Rhénanie s’est ouvert aux influences de la France la plus généreuse : aux sollicitudes de nos administrateurs héritiers des philosophes du XVIIIe siècle, et aussi à l’activité de nos Sœurs de charité.

Cette histoire du cœur charitable rhénan, nous la chercherons dans des petites villes, le plus souvent dans des petits cénacles, presque secrets. Nous y recueillerons d’humbles faits qui originairement ne semblaient pas devoir être retenus par l’histoire. Mais pourquoi donc négligerait-elle de savoir comment agirent des bourgeois, des jeunes dames distinguées et d’humbles