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— Mon allié ! Mon cher allié !… me dit-il avec émotion.

Au centre, sur le premier rang, deux fauteuils sont disposés, l’un pour le prince Biélosselsky, aide de camp général de l’Empereur, qui représente Sa Majesté, l’autre pour le général Kroupensky, aide de camp du Grand-Duc Nicolas, qui représente le généralissime.

Dans la travée de gauche, tous les ministres russes sont présents et, derrière eux, une centaine de fonctionnaires, d’officiers, etc.

Toute, l’église est pleine et recueillie.

Sur la figure de chaque personne qui arrive, je lis la même surprise joyeuse. La vue de l’Union-Jack, qui flotte sur l’autel, apprend à tous que l’Angleterre est désormais notre alliée.

Ces pavillons des trois nations s’harmonisent éloquemment. Composés des mêmes couleurs, bleu, blanc et rouge, ils expriment d’une manière pittoresque et frappante la solidarité des trois peuples coalisés. A la fin de la messe, la maîtrise chante successivement :


Domine, salvam fac Rempublicam
Domine, salvum fac Imperatorem Nicolaum
Domine, salvum fac Regem Britannicum


Au sortir de la messe, Sazonow m’informe que l’Empereur me prie de l’aller voir, cet après-midi, à Péterhof.

Arrivé, à trois heures, au petit cottage d’Alexandria, je suis immédiatement introduit dans le cabinet de Sa Majesté.


Selon l’étiquette, j’ai revêtu le grand uniforme ; mais le cérémonial est simplifié : un maître des cérémonies pour m’accompagner de Pétersbourg à Péterhof, un aide de camp pour m’annoncer et l’immanquable coureur de la Maison impériale, en costume du XVIIIe siècle.

Le cabinet du Tsar, situé au premier étage, s’éclaire par de larges fenêtres d’où l’on découvre, à perte de vue, le golfe de Finlande. Deux tables chargées de paperasses, un divan et six fauteuils de cuir, quelques gravures à sujets militaires composent tout le mobilier. L’Empereur, en tenue de campagne, me reçoit debout :