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grecques organisaient des bandes dans cette région qui était le domaine du célèbre général Papoulas. Ce personnage commandait le 5e corps de l’armée grecque à Arta.

Il manifestait une ardente hostilité contre nous. Son rappel avait été demandé, en particulier par les Italiens ; le gouvernement grec avait répondu que le décret le destituant était signé et prêt à partir, mais qu’on était obligé de prendre des ménagements avec ce personnage et que le décret ne serait envoyé que dans quelques jours. On alléguait que Papoulas était pauvre, chargé de famille, que l’on ne saurait où le mettre si on le déplaçait et que le Roi s’en portait garant. Mais, en fait, les auteurs de l’agression contre M. Taigny et ses compagnons de route ne furent l’objet d’aucune répression.

Pour remédier à cet état de choses, l’attaché naval ne voit que la manière forte ; elle s’impose, puisque la persuasion n’a pas réussi : « Nous n’avons guère à nous préoccuper des conséquences dynastiques qui pourraient s’ensuivre. Le roi Constantin, dont le premier souci est de conserver son trône, se soumettra très probablement, au moins à titre provisoire, et la réaction vénizéliste, si elle est fortement et continuellement soutenue par l’Entente, saura l’empêcher de nuire. S’il préfère se démettre, il ne sera pas difficile de lui trouver un successeur. C’est à nous de donner au parti libéral la force qui lui manque. Son retour au pouvoir doit être considéré comme certain, si nous savons imposer au peuple grec la conviction que des élections anti-vénizélistes seront considérées par nous comme un acte hostile à la France, et que ce ne sera plus le seul gouvernement, mais le peuple entier, complice de nos ennemis, qui en supportera les conséquences. Cette conviction, nous devons l’imposer par une active campagne électorale, et par la menace d’une intervention militaire. »

Vers le milieu d’octobre arrivait à Athènes un jeune député français, M. Paul Bénazet, chargé par la commission parlementaire dont il faisait partie d’aller étudier à Salonique l’état sanitaire de l’armée d’Orient. Depuis quelque temps déjà, lu roi Constantin avait été mis en quarantaine par les gouvernements alliés, et le gouvernement français en particulier, désirant le confiner dans son rôle constitutionnel, avait prescrit au représentant de la France en Grèce de ne plus demander d’audience et de traiter les affaires directement avec les ministres