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II. — CHINE ET JAPON PENDANT ET DEPUIS LA GUERRE

Des victoires éclatantes sur terre et sur mer dans deux guerres successives, une alliance défensive avec la Grande-Bretagne, une entente cordiale avec la Russie, un magnifique essor économique, tout invitait le Japon, quand s’est déchaînée la guerre de 1914, à y jouer son rôle. L’objectif était à sa portée : c’était le Chan-Toung et les îles allemandes du Pacifique. Les raisons de haute moralité politique, la violation de la neutralité belge, ont pu avoir quelque part dans la détermination du Gouvernement impérial ; elles n’auraient pas suffi à émouvoir des politiques aussi expérimentés, aussi réalistes que les « Genro » ou les ministres du Mikado. L’alliance avec l’Angleterre ne les obligeait nullement à entrer dans une lutte où les intérêts anglais en Asie n’étaient point menacés. Le 14 août 1914, le Japon adressait au Gouvernement de Berlin un ultimatum dont les termes indiquent clairement ses raisons et son but : l’Allemagne cédera au Japon ses droits sur le Chan-Toung ou bien le Japon lui fera la guerre. C’est donc bien de la Chine qu’il s’agit et non de l’Europe ; le Japon, avec son esprit de décision, saisit l’occasion d’éliminer l’Allemagne des mers du Pacifique et d’occuper, en face du Liao-Toiing qu’il tient déjà, le Chan-Toung qui lui fait face sur la rive Sud du golfe du Pet-chi-li ; il tiendrait ainsi les deux bastions avancés qui commandent les avenues maritimes de Pékin. Tsing-Tao, centre fortifié de la colonie allemande, capitule le 7 novembre 1914 ; les Japonais occupent le chemin de fer ; tous les établissements allemands sont entre leurs mains. Dès lors, la guerre est finie pour le Japon ; il n’a pas fait la guerre, mais sa guerre.

Devant Tsing-Tao ses pertes ont été de 12 officiers et 324 hommes tués, 40 officiers et 1 140 hommes blessés ; en outre, un petit croiseur a été coulé avec les 280 hommes de son équipage. La Chine et le Pacifique une fois nettoyés des colonies et des navires de guerre allemands, la participation militaire effective du Japon à la guerre est terminée ; les efforts de la diplomatie des Alliés ne réussissent pas à obtenir l’envoi de troupes en Occident ; des munitions sont fournies à la Russie, quelques croiseurs légers viennent participer, dans la Méditerranée, à la chasse aux sous-marins. Si nous donnons ces précisions, ce