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semble devoir être jusqu’à un certain point limitée dans son essor.

Nous venons d’expliquer que son principal avantage sur la T. S. F. est d’éviter la nécessité de connaître le Morse. Mais, au point de vue militaire, cet avantage est un inconvénient, car on ne conçoit guère une cryptotéléphonie commode, tandis que la cryptotélégraphie est déjà réalisée.

Au surplus, la portée d’un poste de téléphonie sans fil est définie par la portée où toutes les syllabes sont compréhensibles à la réception. Or les différentes syllabes, quand elles sont prononcés devant le microphone émetteur produisent sur lui des effets différents. Celles qui contiennent des a ou des o sont beaucoup plus actives que celles qui contiennent des i. Celles-ci produisent, dans l’amplitude des ondes électriques émises par le poste, des variations moins considérables. Par conséquent, la portée utile est celle des syllabes les moins actives, et en fait, elle est très inférieure à celle que l’on obtiendrait dans les mêmes conditions, avec le même poste utilisé en télégraphie sans fil.

Mais ce n’est pas tout. Les ondes sonores et les harmoniques qui composent la voix humaine ont une fréquence qui varie de 200 à 2 000 environ, c’est-à-dire qu’elles correspondent à un nombre de vibrations acoustiques variant de 200 à 2 000 par seconde. Appelons alors F la fréquence de l’onde hertzienne émise et qui est modulée par la voix humaine. On voit facilement que cette modulation équivaut à étaler cette onde hertzienne unique suivant une série de longueurs d’ondes diverses comprises entre les fréquences F + 2 000 et F— 2 000.

La largeur de ce que les radiotélégraphistes appellent la « bande de brouillage » est donc de 4 000 périodes. Cela veut dire que toute émission radiotéléphonique dont la fréquence diffère, d’une émission donnée, de moins de 4 000 périodes, brouillera celle-ci et sera confondue avec elle à la réception.

Au contraire, en radiotélégraphie, les longueurs d’ondes employées sont bien délimitées, la bande de brouillage ne dépasse pas quelques dizaines de périodes, c’est-à-dire que des messages de T. S. F. envoyés par le moyen d’ondes très peu différentes ne se brouillent pas. Par exemple, en T. S. F. un message émis par ondes de 30 000 périodes par seconde, peut être écouté sans qu’on soupçonne un message envoyé en même temps par ondes de 30 300 périodes. Au contraire, en radiotéléphonie, il faudrait que le second message fût fait par ondes d’au moins 32 000 périodes pour qu’il n’y ait pas brouillage.

Il s’ensuit qu’avec les ondes hertziennes actuellement réalisables,