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que notre armée a déjà été grandement réduite et est en voie de l’être davantage. Nous nous déclarerons disposés à aller à l’extrême limite compatible avec la sécurité de la France et, aussi bien, avec celle de l’Europe. « Nous sommes aujourd’hui en présence de deux volcans, l’un et l’autre en pleine éruption, l’Allemagne et la Russie soviétique. La seule barrière est la Pologne. Si cette barrière est renversée, les deux volcans se réuniront. Il nous faut garder une force suffisante pour faire face aux événements. Voilà, nettement, notre position. Les États-Unis la comprendront. »

« La France, — ajoute-t-il martelant les mots du ton de voix et du geste, — vient à la Conférence sans rien demander, sans rien solliciter et elle n’a aucune arrière-pensée d’obtenir quoi que ce soit pour elle. »

La déclaration, qui sera certainement publiée ce soir, reproduite dans tous les journaux de tous les États de l’Union, ne pourra que produire ici le meilleur effet.

L’on discute maintenant les probabilités prochaines, ou, comme l’on dit, les possibilités de la Conférence. A ceux qui ont eu le temps de prendre contact avec les divers milieux politiques et diplomatiques de Washington, la situation ne parait pas autoriser un complet optimisme. En fait, on admet généralement dans les cercles gouvernementaux, elles milieux généralement renseignés, qu’elle se présente ainsi :

On est d’accord que toutes les questions purement européennes, paiement des dettes, question de Haute-Silésie, en seront délibérément écartées. On croit que la question du désarmement y restera secondaire, que les questions complexes du Pacifique prendront toute la place. Il parait être accepté que les États-Unis s’opposeront avec une extrême énergie aux aspirations japonaises dans le Pacifique, parce qu’ils considèrent ces aspirations comme une menace directo à leurs intérêts matériels et une menace éventuelle à leur sécurité. On croit que le Gouvernement américain demandera à l’Angleterre, qu’il regarde, à tort ou à raison, comme la complice de l’impérialisme japonais, de renoncer à sa politique précédente, d’abandonner officiellement son traité avec le Japon et d’endosser nettement la politique américaine. On assure que les États-Unis demanderont d’autre part au Japon de retirer ses soldats de Chine et de Sibérie, d’adhérer à la politique de la porte