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Tout là-bas, près d’un bouquet d’arbres, émergeant,
La silhouette d’un sapin se fait plus haute,
Avant de s’estomper de brume... Un brochet saute
Et trouble l’eau qui dort d’un clapotis d’argent.

Cependant, les promis s’écartent de la ferme
Et, la main dans la main, chantonnent de vieux airs,
Autour d’eux, les chemins bientôt seront déserts,
La fenêtre s’allume et la porte se ferme.

La douce paix du soir sur la plaine s’étend,
Et, dans l’ombre qui vient, j’attends l’heure que j’aime.
L’heure délicieuse où le silence même
Semble venir aussi se mirer sur l’étang.


IV. ROBE CLAIRE


Ton âme rêve à la fenêtre de tes yeux
Et sourit de me plaire,
Ton âme qui, ce soir, pour me séduire mieux,
S’est mise en robe claire.

Nous sommes seuls, tous deux... J’étais rentré si las
D’une vaine journée...
J’ai trouvé cette branche, où pendent des lilas,
Sur ma table, inclinée.

La lampe autour de toi faisait sous l’abat-jour
Sa plus douce lumière,
Comme afin d’embellir d’un plus moelleux contour
Ta grâce coutumière.

Comme toi, tout semblait m’attendre et se parer
D’un air de bienvenue;
Ton col s’était ouvert comme pour m’attirer
Vers ton épaule nue.