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On les offrit au général Mitchell, et celui-ci accepta de procéder aux expériences dont le ministère de la Marine fixerait les détails et les conditions.

Il fut convenu alors qu’un sous-marin, l’ancien U-117, un croiseur léger, le Frankfurt, et le dreadnought Ostfriedland, serviraient à déterminer si oui ou non l’avion était capable de couler des navires. Enfin, pour tenir compte de la vitesse du navire et voir sa réaction sur la précision du tir, la Marine décida de soumettre au tir aérien un ancien cuirassé démodé dirigé à distance par télégraphie sans fil.


LES EXPÉRIENCES

Les expériences débutèrent par le bombardement du sous-marin U-117. Les ordres envisageaient que la cible serait coulée par le canon, si les avions ne réussissaient pas à le faire. Cette dernière précaution impliquait au moins une incertitude quant au résultat. Celui-ci cependant ne se fit pas attendre. A la deuxième salve de six bombes, le sous-marin s’enfonçait sous les eaux.

Une bombe de 100 kilogs avait suffi pour avoir raison de l’ancien pirate. Sans doute, les conditions de la guerre n’étaient pas respectées puisque la cible était amarrée, mais néanmoins, cette expérience montra que le tir aérien n’était pas dénué de précision, ce que personne ne s’imaginait, à part les aviateurs.

Le bombardement de l’Iowa fut plus instructif encore. Comme nous venons de le dire, ce vieux cuirassé avait subi une transformation complète et était susceptible d’être dirigé, accéléré, ralenti et stoppé par le cuirassé Ohio qui marchait dans son sillage à 5 milles de lui. Toutes les manœuvres se faisaient par télégraphie sans fil, et il n’y avait évidemment personne à bord de l’Iowa. Les bombes employées étaient chargées avec du sable et ne pouvaient faire que des dégâts superficiels, tout en donnant une idée de la précision du tir aérien.

Le 28 août, le détachement naval qui encadrait le navire-cible se trouvait à un point inconnu, à 100 milles en mer, quand, à dix heures du matin, une heure après le moment fixé comme origine des expériences, les avions venus de la côte émergèrent de la brume et survolèrent la cible.

Le croiseur auxiliaire Henderson, qui transportait les