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pareillement sur un étang chargé de brumes. Mais, quand le changement de décor s’opérera, je crains que nous ne voyions surgir tout autre chose qu’un palais étincelant…


Lundi, 21 février.

Le Grand-Duc Nicolas-Nicolaïéwitch a fait hier son entrée à Erzeroum, où il a été reçu par le général Youdénitch.

La perte d’Erzeroum coûte aux Turcs 40 000 hommes tués ou blessés, 43 000 prisonniers, 323 canons et 9 drapeaux.

Les Russes sont maintenant les maîtres de l’Arménie.

En Perse, au Sud du Kurdistan, l’occupation imminente de Kermanchah leur ouvre la route de Bagdad.


Mardi, 22 février.

La Douma de l’Empire a repris aujourd’hui ses travaux.

Cette reprise avait été tant de fois ajournée par Gorémykine, que le mécontentement public devenait dangereux.

L’Empereur l’a senti, et l’instinct de sagesse qui lui tient lieu de flair politique, lui a même inspiré un geste heureux. Il s’est rendu en personne au Palais de Tauride, afin d’inaugurer la session.

Sa décision a été prise, hier soir et gardée secrète jusqu’à la dernière minute. C’est à une heure seulement que les ambassadeurs des Puissances alliées ont été priés, par téléphone, de se trouver au Palais de Tauride à deux heures très précises, sans que nul motif nous fût indiqué.

Depuis l’institution du régime représentatif en Russie, c’est la première fois que l’Empereur vient à la Douma. Antérieurement, c’était, au contraire, les députés qui allaient saluer le Tsar au Palais d’hiver.

J’arrive en même temps que les voitures de la Cour.

Dans la grande salle hypostyle où Potemkine, jadis, émerveillait Catherine par ses fêtes splendides, un autel est dressé pour la récitation des prières inaugurales. Les députés sont groupés alentour, en rangs serrés. Le public, qui a quitté les tribunes de la salle des séances, se presse dans la galerie circulaire du premier étage.

Dès que l’Empereur approche de l’autel, le service religieux