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je recueille la même note : « Maintenant, la question est réglée : nous n’obtiendrons jamais Constantinople… Alors, à quoi bon poursuivre la guerre ? »


Mercredi, 19 janvier.

Sous la forte impulsion du général Alexéïew, la dotation de l’armée russe en fusils s’améliore sensiblement. Voici les ressources actuelles :

1o Fusils en service sur le front : 1 200 000 ;

2o Fusils débarqués à Arkhangelsk : 155 700 ;

3o Fusils débarqués à Alexandrowsk : 530 000 ;

4o Fusils en partance d’Angleterre : 113 000.

Les transports dans la Mer Blanche s’effectuent à l’aide de brise-glaces, au prix de difficultés inouïes. Pour la région d’Alexandrowsk, on a organisé un vaste système de traîneaux tirés par des rennes. Et la distance de Mourmansk à Pétrosavodsk n’est pas moindre que mille kilomètres !

D’ici à la fin d’avril, on escompte un arrivage de 850 000 fusils en surplus.

Malheureusement, les pertes que l’armée russe vient de subir en Galicie sont terribles : 60 000 hommes ! Sur un seul point, à Czartorysk, 11 500 hommes, aveuglés par une tourmente de neige, ont été fauchés, jusqu’au dernier, en quelques minutes, par l’artillerie allemande.


Vendredi, 21 janvier.

Sur le front de Bessarabie, au Nord-Est de Czernowitz, les Russes ont entrepris une nouvelle et opiniâtre offensive, qui leur a permis d’enlever tout un secteur des positions autrichiennes. Ce résultat leur a coûté fort cher : 70 000 hommes tués ou blessés et 5 000 prisonniers. Malheureusement, l’opinion publique est devenue beaucoup plus sensible aux pertes qu’aux succès.


Lundi, 24 janvier,

Les perpétuels atermoiements de Bratiano placent la Roumanie dans une situation périlleuse. Voici, en effet, que les Puissances germaniques commencent à prendre, vis-à-vis d’elle, un ton comminatoire.

Le ministre de Russie à Bucarest, Poklewski, a pressé