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L’échec est complet, mais le désastre est évité.

L’effort turc va désormais se porter sur la Mésopotamie, l’Arménie et la Macédoine.


Jeudi, 13 janvier.

Par ses principes et sa constitution, le tsarisme est obligé d’être infaillible, impeccable, parfait. Nul gouvernement n’a autant besoin d’intelligence, d’honnêteté, de sagesse, de raison ordonnatrice, de clairvoyance, de talent ; car, en dehors de lui, c’est-à-dire en dehors de son oligarchie administrative, il n’existe rien : ni mécanismes de contrôle, ni rouages autonomes, ni partis constitués, ni groupements sociaux, nulle organisation légale ou traditionnelle de la volonté publique.

Aussi, quand une faute est commise, on s’en aperçoit toujours trop tard et il n’y a personne pour la réparer.


Vendredi, 14 janvier.

À l’occasion du 1er janvier orthodoxe, l’Empereur s’adresse à son armée en ces termes :

Au seuil de l’année 1916, je vous envoie mes salutations, ô mes vaillants guerriers. De cœur et de pensée, je suis avec vous dans les combats et les tranchées… Retenez bien ceci : notre Russie bien-aimée ne peut assurer son indépendance ni ses droits, sans avoir remporté une victoire décisive sur l’ennemi. Pénétrez-vous de cette idée qu’il ne peut y avoir et qu’il n’y aura pas de paix sans victoire. Quelques efforts, quelques sacrifices que cette victoire puisse nous coûter, nous devons la donner à la Patrie.


Samedi 15 janvier.

Les Autrichiens sont entrés avant-hier à Cettigné, que les Monténégrins semblent leur avoir abandonné très complaisamment.

Le général B… qui me communique la nouvelle, ajoute :

— Voilà une retraite qui pue la trahison !


Dimanche, 16 janvier.

L’évacuation de Gallipoli par les troupes anglo-françaises produit un effet désastreux sur l’opinion russe. De toutes parts,