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Sans doute, elle ne parvient pas à tromper tout le monde, et les personnes renseignées ne se laissent pas prendre à ses manœuvres. C’est ainsi que la Chambre de commerce des États-Unis, qui réunit toutes les Chambres de commerce des États-Unis de l’Amérique du Nord et groupe plus de douze cents membres actifs et douze mille huit cents membres associés, a envoyé récemment en Europe une commission spéciale, chargée d’étudier les conditions économiques de l’ancien continent, et qu’elle a fait justice, sinon de tous les sophismes allemands, du moins des plus audacieux. Cette mission s’est accomplie au lendemain du Congrès que la Chambre de commerce internationale, présidée par M. Clementel, a tenu à Londres, en présence de cinq cent soixante-neuf délégués, représentant trente-six pays. Les industriels, commerçants et banquiers américains ont voyagé en Allemagne, en Tchéco-Slovaquie, en Autriche et en France, et, dans l’intéressant rapport qu’ils ont établi, ils ont conclu : « Comme les États-Unis l’ont déjà déclaré, nous estimons que l’Allemagne doit réparer, jusqu’à l’extrême limite de sa capacité, les dommages qu’elle a causés. Le monde ne saurait accepter que le pays qui a été la cause première de tant de souffrances évite les conséquences de son agression, en ne payant qu’une petite partie des frais, alors que la plus grosse partie des dépenses serait un fardeau qui écraserait les peuples qu’elle a attaqués. »

Malheureusement, ce qui s’est encore passé ces jours-ci à la Commission des Réparations n’est pas fait pour décourager les intrigues allemandes. Le chancelier et ses collaborateurs ont exposé de nouveau à M. Dubois et à ses collègues qu’en ajoutant aux vingt-cinq millions de marks or, représentant, disent-ils, la seule somme disponible, les cent millions environ déjà versés, ou devant être prochainement versés, sous forme de prestations en nature, le Reich serait encore loin de pouvoir réunir le total de cinq cents millions de marks or nécessaires pour faire face à l’échéance du 15 janvier. C’est exactement la thèse que j’avais annoncée.

« Nous sommes donc forcés, a dit M. Wirth, de recourir au crédit étranger pour combler la différence. Nous sommes en mesure de réussir, mais à la condition que vous nous aidiez. Il faut que nous puissions gagner la confiance des préteurs et pour cela, il est indispensable que les sommes qu’ils nous procureront ne soient pas absorbées à l’avance par les échéances futures. Ce n’est pas dans notre seul intérêt, c’est dans l’intérêt de nos prêteurs, c’est, par conséquent, dans l’intérêt même de tous nos créanciers, que nous serons