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aux États les moins riches comme le Liban et les Alaouites. Puis cette recette en totalité des recettes douanières deviendra disponible. Nous pourrons fort bien alors dire aux États sous mandat qu’avant de répartir entre eux l’excédent de ces recettes nous prélèverons sur la caisse des douanes une certaine somme fixée à forfait pour décharger la Puissance mandataire des frais de la tutelle.


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Si la chose doit être dans un avenir prochain rendue possible matériellement, est-elle moralement désirable ? C’est une question qu’il faudra examiner très soigneusement avant de la trancher. Sans doute, une somme fixée une fois pour toutes et perçue sur une caisse dont le Haut-Commissariat doit avoir longtemps la gestion, serait beaucoup moins discutée qu’une contribution, consentie chaque année par les États pour le personnel français du mandat placé à côté de son Gouvernement. Mais cette contribution elle-même sera, sans aucun doute, discutée : le tempérament d’un pays dont l’esprit est très agile et très subtil, s’il ne se montre guère encore discipliné et constructeur, nous le promet. La politique libérale voulue par le Gouvernement, pour appliquer le mandat, et appliquée dans l’esprit le plus large par le général Gouraud, a déjà donné à la Syrie et au Liban les organes de cette discussion. Les Conseils élus seront, à cet égard, d’une activité que permet de présager le zèle avec lequel des Conseils nommés, comme par exemple le Conseil du Gouvernement d’Alep, et la Commission administrative du Liban passent au crible, le premier, le budget de l’État et le second toutes les mesures du Gouvernement. Il faudra donc, lorsque, dans peu d’années, l’état financier du pays permettra de demander à forfait la somme voulue pour couvrir les frais du mandat, bien faire, avant de décider, la balance entre l’intérêt financier de l’économie de quelques millions et l’intérêt moral, de maintenir à l’abri de certaines discussions du pupille l’autorité du tuteur.


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Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire sur les critiques qui viennent de Syrie et qui trouvent souvent en France des oreilles facilement complaisantes. Malgré les formes qu’elles