Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/660

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne figuraient pas au chapitre G du Ministère des Affaires étrangères (budget du Haut-Commissariat), ils devraient être inscrits à un autre chapitre du budget de ce Département, ce qui ne changerait rien à l’affaire pour les contribuables français.

Reste une somme de 27 millions environ à laquelle se réduit donc proprement le budget du mandat. On y relève 8 250 000 fr. de dépenses politiques dont on n’a pas besoin de démontrer la nécessité dans un pays placé à l’entrée de l’Asie occidentale, si troublée depuis la guerre, alors qu’une bonne partie de l’attention des Gouvernements chérifiens installés en Trans Jordanie et en Mésopotamie est appliquée à troubler les territoires sous notre mandat. Notons d’ailleurs que cette dépense, qui comprend, entre autres charges, tout le coût du service des renseignements, est en voie de diminution rapide, plus rapide même peut-être que ne le conseilleraient les circonstances : 17 300 000 fr. en 1920; 10 millions en 1921 et, on vient de le voir, 8 250 000 fr. prévus pour 1922.

Ceci retranché, on est en présence de 18 à 19 millions. Voilà ce que coûte « l’armée » de fonctionnaires français (y compris les magistrats des juridictions des causes étrangères) déversée sur la Syrie, en ajoutant à leurs traitements le matériel dont ils ont besoin, les transports et toutes les dépenses accessoires des services du Haut-Commissariat. On peut trouver que la somme est encore forte pour 250 fonctionnaires français auxquels il faut d’ailleurs ajouter un certain nombre de Syriens et Libanais qui collaborent aux services du mandat à Beyrouth et dans les Délégations du Haut-Commissariat auprès des Gouvernements des États. Cette dépense doit, en effet, se réduire à mesure que les circonstances économiques s’amélioreront. Pour le moment, la Syrie est un pays où l’on compte en or, même lorsque l’on paie en livres syriennes qui sont, en réalité, des billets de vingt francs, et où même souvent, du moins dans l’intérieur, les transactions se règlent en or. Il en résulte que les fonctionnaires payés en livres syriennes, c’est-à-dire en francs, subissent en plein la dépréciation actuelle de notre monnaie et, pour eux, le prix de la vie est beaucoup plus que doublé. De là, la nécessité de l’indemnité de cherté de vie qui, pour le moment, double les traitements jusqu’à concurrence de 24 000 francs et les augmente très largement, bien que dans une proportion moindre, pour les tranches supérieures à cette