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susceptibilités des Syriens sont, à cet égard, très vives. Ils veulent des places rémunérées sur leurs budgets et c’est un sentiment que le Haut-Commissariat s’efforce de respecter. Quoi qu’il en soit, le personnel français du mandat, sinon celui des États, c’est-à-dire l’effectif des fonctionnaires rémunérés sur le budget français, est arrivé à son étiage, et nous venons de voir qu’il n’est pas légion.


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Ceci amène tout naturellement à examiner ce que le mandat coûte. Il faut d’autant plus s’y arrêter que c’est le point le plus sensible de la question syrienne pour le gros de l’opinion française, qui ne comprend pas assez les raisons impérieuses qui nous imposaient de réclamer notre part des mandats, du moment où l’Empire Ottoman devait être démembré de ses provinces de langue arabe et qui trouve singulièrement coûteuse une entreprise dont elle ne saisit pas entièrement la nécessité. Le fait qu’il faut avant tout faire observer en cette matière, c’est que jusqu’ici ce n’est pas le budget normal du mandat syrien que nous avons eu à supporter. A partir de l’année prochaine, nous allons vraisemblablement entrer dans la période normale. La politique du général Gouraud, qui a tendu à créer aussi rapidement que possible les organismes indigènes capables de gouverner et d’administrer le pays, a son corollaire budgétaire : la politique du mandat permet le budget du mandat et tout fait prévoir que nos dépenses seront ramenées dans ces limites au cours de 1922. Mais jusqu’ici, nous avons subi une charge bien différente : nous avons dû faire face en Orient, même en matière civile, aux conséquences de la guerre qui s’éternisait avec la Turquie.

La chose tombe sous le sens lorsque l’on considère le côté militaire de la question. Les effectifs que nous avons dû entretenir dans le Levant dépassent de beaucoup ceux qui sont nécessaires à la garde et à la police des pays sous mandat. Par l’effet d’une politique que nous ont imposée les nécessités de nos alliances et non pas notre sentiment, nos traditions, nos intentions ni notre intérêt en Orient, nous sommes restés en fait, trois années durant après l’armistice, en état de guerre avec le seul peuple de l’Asie Occidentale qui ait l’habitude de la discipline, de la cohésion nationale et de solides traditions militaires.