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l’exécution, cette exécution devant en principe être assurée par les soins des États sur le territoire desquels ces travaux seront effectués, l’autre pour les Finances. Un Conseil fédéral composé de délégués élus par les Conseils de gouvernement des États sera réuni. Pour ménager les particularismes, il est stipulé que le vote aura lieu par délégations et que le Conseil siégera alternativement à Damas et à Alep, son Président devant être choisi dans la délégation de l’État où se tiendra la session. Le Conseil fédéral qui doit d’abord être consultatif, comme les Conseils de gouvernement des États, aura à connaître, sur l’initiative des États fédérés, de la législation qui devra leur être commune et à se prononcer sur les travaux publics, ainsi que sur la création d’institutions et d’établissements d’intérêt commun. On vient de voir que les moyens financiers nécessaires à ces travaux et à ces institutions seront délégués par les États en vue de ces objets déterminés.

Tel est le régime provisoire qui a été jugé le meilleur pour acclimater l’organisme fédéral dans un milieu sans aucune expérience de la gestion des intérêts publics et où des particularismes si méfiants restent à apaiser.


La création de la Fédération syrienne ne résout pas entièrement la question des relations entre les États placés sous notre mandat, puisque deux de ceux-ci montrent jusqu’ici une répugnance complète à se fédérer avec leurs voisins. Le plus important, et de beaucoup, est le Grand-Liban proclamé le 1er  septembre 1920 et dont les cantons ayant appartenu au Liban, tel qu’il existait à la suite de l’intervention française de 1860, croiraient exposer les libertés qui leur ont été conférées alors, et dont ils ont acquis depuis la tradition, en abandonnant une partie quelconque de la souveraineté libanaise au profit d’un groupement dont la masse sera fournie par les pays en immense majorité musulmans de l’intérieur. Quant au petit État Druse, créé au profit des réfugiés Druses qui ont colonisé dans le courant du siècle dernier la montagne du Hauran, à l’extrême Sud-Est de notre zone de mandat, il vient d’être constitué pour gouverner une communauté qui n’a jamais été vraiment soumise aux Turcs ; il a son originalité et la jalousie de son indépendance et n’accepte notre tutelle qu’en vertu d’un accord qui la réserve