Il a résidé lui-même longtemps dans le Levant. Homme instruit et capable des emplois les plus éminents ; dans sa ville natale sa probité et ses talents lui ont acquis une considération égale à sa fortune. Il en jouit sans ostentation, et, entouré d’une famille charmante, il ne s’occupe qu’à répandre parmi ses enfants les traditions de loyauté et de vertu »…
« Quel pays, ajoutait Lamartine, que celui où l’on trouve de pareilles familles dans toutes les classes de la société ! »
Telle était cette Marseille du temps de Louis-Philippe, ville aimable, accueillante, accessible à-la poésie. Le poète Joseph Autran nous a gardé le souvenir des témoignages d’admiration qu’y reçut Lamartine à son passage et de la séance académique qui fut tenue en son honneur[1]. Des esprits tels que le sien s’y éveillaient à la poésie, et aussi celui des Méry, Louis et Joseph.
… Méry, le poète charmant
Que Marseille la grecque, heureuse et noble ville,
Blonde fille d’Homère, a fait fils de Virgile.
Ainsi parlait Victor Hugo après Lamartine. Recueillons précieusement les témoignages d’un temps où Marseille semblait appelée à devenir, selon le mot de Lamartine, une « Athènes commerciale. »
En tout cas le petit-fils d’Alexis Rostand devait travailler à maintenir cet idéal ; au sang provençal qu’il tenait de son père, Joseph Rostand, receveur municipal de la ville de Marseille, sa mère avait mêlé du sang espagnol. « Ta grand-mère était espagnole », dira-t-il plus tard à son fils, et le poète ajoutera justement :
Mes autres aïeux voient sans haine
Cette étrangère qu’il y a
Dans la famille phocéenne
Que je tiens de Massilia[2].
Sans haine, oui, car entre Latins, on s’entend toujours, sur les rives conciliatrices de la Méditerranée. Et, somme toute, de Barcelone ou même de Cadix à Marseille les distances géographiques et morales sont peut-être moins grandes que de