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pouvoirs que lui a conférés le Traité. Mais elle serait paralysée dans l’exercice même de ses attributions, si elle n’avait la certitude d’être appuyée par les Gouvernements alliés. Depuis les premiers mois de 1920, elle a été constamment dessaisie ou tenue en laisse; il faut souhaiter qu’on lui rende enfin un peu de son autorité. Si elle se croit obligée, par les circonstances d’accorder des délais à l’Allemagne, elle doit, en retour, régler le fonctionnement des privilèges que le Traité nous a donnés en garantie de notre créance et qui sont, jusqu’à présent, restés illusoires. Contrôle des impôts, contrôle des douanes, contrôle des exportations, contrôle de la production charbonnière, contrôle de l’actif de l’État, elle a elle-même à prendre un ensemble de mesures élémentaires, sans lesquelles l’Allemagne aurait toute liberté pour manquer à ses engagements; et si, cela fait, la Commission juge que le Reich se soustrait volontairement aux obligations qui lui incombent, alors elle peut se retourner vers les Gouvernements alliés et associés et, par application des articles 17 et 18 de l’annexe II, leur signaler cette inexécution. Les Gouvernements, ainsi avertis, prendront aussitôt toutes mesures qu’ils croiront convenables, prohibitions, représailles économiques et financières, blocus, occupation supplémentaire ; le texte est assez large pour légitimer les gages les plus variés, et, quelle que soit la sanction, le Traité ne permet pas à l’Allemagne de la considérer comme un acte d’hostilité. Le Gouvernement de la République a donc en perspective de grandes résolutions et de lourdes responsabilités. Il est désirable que M. Briand revienne bientôt pour tâcher de s’entendre, sans plus de retard, avec nos alliés sur une attitude commune et pour sauvegarder, en tout cas, les droits de la France.

Sa présence ne sera pas moins nécessaire à un règlement définitif des affaires orientales. Elles ne sont pas aussi complètement arrangées que le Cabinet avait cru pouvoir l’annoncer aux Chambres. De violents combats viennent encore de se livrer, aux environs de Deir-es-Zor, sur la route d’Alep à Bagdad, entre une de nos colonnes de tirailleurs et de spahis et des contingents bédouins que des agents de l’émir Feyçal étaient parvenus à recruter; et malheureusement, il n’est pas encore certain que nous puissions retirer nos troupes de Cilicie aussi aisément et aussi vite que nous le voudrions. Dans l’espoir d’alléger enfin les charges militaires et financières qui pèsent sur noua en Asie-Mineure, et de mettre fin, en même temps, à des rencontres souvent sanglantes, M. Briand avait donné successivement deux missions, l’une officieuse, l’autre officielle, à