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Réparations, évaluait à soixante-quatorze milliards de francs-papier les dommages causés aux personnes et à cent trente-six milliards les dommages causés aux biens. Le 28 mai 1920, MM. Millerand et Loucheur estimaient à cinquante-huit milliards les dommages aux personnes, à cent cinquante-deux milliards les dommages aux biens, ce qui représentait un total de deux cent dix milliards de francs-papier. En novembre suivant, le ministère des Régions libérées, terminait, à son tour, ses calculs officiels :il fixait à cent quarante milliards deux cents millions de francs-papier les frais de restauration des pays dévastés; le ministère des Pensions réclamait, de son côté, à la même date, soixante-dix-sept milliards sept cents millions ; les autres ministères présentaient ensemble une note de quatorze milliards cinq cents millions ; c’était donc à un total de deux cent trente-deux milliards quatre cents millions de francs-papier que s’élevaient, à cette époque» les évaluations administratives les plus sérieusement étudiées.

Dès le 12 février 1921, notre créance commençait à fondre. Dans le mémoire définitif qu’il transmettait à la Commission des Réparations, le Gouvernement français ne demandait plus que deux cent dix-huit milliards cinq cent quarante et un millions neuf cent quatre-vingt-seize mille cent vingt francs. Cette somme avait, du moins, grâce à ces cent vingt francs, toutes les apparences d’une exactitude rigoureuse.

À ces calculs en francs-papier, s’en étaient ajoutés d’autres en marks or. Au mois de janvier 1921, le Gouvernement de la République avait évalué la créance française à cent trente-six milliards de marks or. Le 4 février, devant la Chambre des députés, le Président du Conseil la chiffrait à cent dix milliards de marks or, sans expliquer, d’ailleurs, la réduction de vingt-six milliards survenue depuis le mois précédent. Quelques semaines se passent. L’échéance du 1er mai approche. Les Alliés se réunissent. La Commission des Réparations délibère. La dette totale de l’Allemagne est évaluée à cent trente-deux milliards, ce qui donne pour la France, suivant la proportion de cinquante-deux pour cent arrêtée à la Conférence de Spa, le chiffre théorique de soixante-huit milliards de marks or, inférieur de quarante-deux milliards de marks or à celui que le Président du Conseil indiquait en février, et de cinquante-huit milliards à celui que le Gouvernement croyait pouvoir réclamer en janvier. D’amputation en amputation, tel était, en dernière analyse, le maximum de ce que nous conservions le droit d’espérer.

Il est donc dès maintenant incontestable que, même si