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de Lithuanie, de Lettonie, baltes, ukrainiennes, etc. Mission en Ukraine, un peu plus tard, du P. Genocchi, religieux distingué, ardent Italien. Celle-ci a dû être singulièrement entravée par les événements politiques et militaires ; nous ignorons même jusqu’à quel point elle a été remplie sur place. Cependant, il se peut qu’elle ait, par infiltration, donné certains résultats : s’il en faut croire une information des Nouvelles religieuses du 15 juin dernier, un congrès ecclésiastique se serait réuni à Kherson et aurait marqué des tendances significatives à fonder une Eglise nationale, en communion avec le Saint-Siège.

Mission de notre compatriote le R. P. Delpuch, des Pères blancs d’Afrique, dans les provinces transcaucasiennes d’Arménie, Géorgie et Tartarie, où sa qualité d’envoyé du Pape lui vaut des honneurs officiels et son caractère bien français des sympathies personnelles. Assez inopinément, il a été remplacé dans ce poste par un dominicain italien, le P. Moriondo. Mission en Sibérie de Mgr de Guébriant, aujourd’hui supérieur général de notre séminaire des Missions étrangères : c’est la plus récente, et ce ne fut peut-être pas la moins féconde en renseignements inédits, si l’on songe que les catholiques sibériens, pour la plupart descendants de déportés polonais, et encore qu’ils se comptent seulement par dizaines de milliers, représentent un élément auquel les retours de la politique ont pu donner de l’importance.

Entre temps, pendant la période aiguë de la Révolution, le Saint-Siège n’a pas hésité à entrer en rapports avec le gouvernement bolchéviste pour essayer de lui arracher quelques victimes, choisies parmi les hauts dignitaires de l’Église officielle russe. A cet acte de haute charité et confraternité chrétiennes fait pendant, en quelque manière, une gracieuseté toute diplomatique, et qui doit être sensible aux Russes émigrés : M. Lyssakowski, accrédité auprès du Saint-Siège par le gouvernement provisoire en 1917, et ses collaborateurs, MM. de Bock et de Leslie, qui faisaient partie du personnel de l’ancienne Légation impériale, figurent invariablement à la même place, on la même qualité, dans les éditions successives de l’Annuario pontificio depuis cette époque.

La paix rétablie, les nouveaux et peut-être encore fragiles États nés du démembrement de la Russie aspirent, comme de juste, au plus grand nombre possible de « reconnaissances. »