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reconnues miraculeuses, furent transportées dans l’intérieur de la cité et placées dans une cuve de pierre, au centre d’une église construite en son honneur sur le mont Auxois. Les pèlerins venaient en foule les vénérer ; un monastère bénédictin y fut annexé. La nouvelle basilique intra muros conserva sa popularité pendant plus de quatre cents ans, jusqu’au jour où, en 864, l’abbé Egil, prieur de l’abbaye bénédictine, fit transférer à Flavigny les restes de la sainte.

Accompagné d’un évêque de Dol, qui se trouvait à ce moment à Flavigny, il se rendit à Alesia ; tous deux y passèrent la nuit en prières avec beaucoup d’autres moines, dans l’oratoire de la bienheureuse martyre. Le lendemain matin, ils ouvrirent le tombeau que fermait un couvercle de pierre d’un grand poids ; le corps fut placé dans un cercueil de bois et transporté en grande pompe à Flavigny, le sarcophage vide restant sur place. Le culte local se reporta alors près de la source miraculeuse et se fixa dans une chapelle, qui constitue une des deux églises du village actuel. La renommée de la fontaine persista durant les siècles qui suivirent, au point qu’au XVIIe, un certain Godard, qui tenait dans le voisinage une hôtellerie renommée, avait établi un service de poste hebdomadaire pour envoyer à Paris des bouteilles de cette sainte marchandise. De nos jours, le commerce a cessé, mais la confiance dans l’efficacité de l’eau ne s’est point affaiblie.

On pouvait espérer, au cours des fouilles de la Société de Semur, trouver sur le plateau quelque trace du culte de sainte Reine et de sa basilique. Il se pourrait, bien que le fait ne semble pas absolument certain, qu’il en eût été ainsi.

En 1913, au Sud du théâtre, on mit au jour un certain nombre de sarcophages de pierre, remontant à l’époque mérovingienne. Ils n’étaient point rangés avec symétrie, comme dans les allées d’un cimetière ou dans une crypte d’église, mais disposés par groupes, ou même isolément, autour d’un point central, le long de murs de basse époque établis sur le pavé d’une rue romaine. Les murs appartenaient à un édifice de forme générale rectangulaire. À ce point central qu’environnaient les sarcophages, les fouilles firent découvrir un autre sarcophage, sans aucune décoration ; mais le couvercle en est percé, a cinquante centimètres environ de la tête, d’un trou à peu près circulaire, qui occupe presque toute la largeur. Ce n’est point l’œuvre