Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 6.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Au centre du plateau s’étend un vaste espace où les sondages n’ont révélé aucune trace de construction ; des rues assez larges, dont le pavé a été mis à nu par places, le longeaient ou le coupaient. On y a vu, avec quelque vraisemblance, le forum de la cité. Pour pouvoir l’affirmer, il faudrait que le déblaiement fût moins incomplet et les constatations plus positives. Admettons pourtant qu’il en soit ainsi et examinons les vestiges d’édifices qui avoisinent la place.

Voici d’abord le théâtre, reconnaissable à la ligne demi-circulaire de ses fondations, entièrement construit en petit appareil régulier ; l’hémicycle mesurait environ 80 mètres. Les gradins, aujourd’hui disparus, s’adossaient à une légère ondulation de terrain, de six à sept mètres de hauteur. Comme ailleurs, un long mur droit formait le fond de la scène et reliait les deux extrémités de la courbe. Ce devait être un édifice assez vaste, capable de donner place à un grand nombre de spectateurs, gens de la ville et campagnards des environs ; il peut, pour les dimensions, soutenir la comparaison avec les théâtres antiques de grandes villes ; les théâtres d’Orange et d’Arles mesurent à peine 25 mètres de diamètre de plus ; celui de Pompéi compte 12 mètres de moins et celui de Timgad lui est inférieur de 20 mètres ; or on estime que ce dernier pouvait contenir au moins 2 500 places. Mais le déblaiement d’un théâtre antique, sorte d’immense entonnoir où les terres et les gravats sont venus s’accumuler, nécessite un travail extrêmement dispendieux ; la Société de Semur s’est contentée de reconnaître l’emplacement et les lignes générales de l’édifice.

Elle a, au contraire, mis entièrement à nu, à l’Est, les fondations d’un petit temple élevé au milieu d’une cour, qu’entouraient des colonnades. Les murs de la chapelle même, d’ailleurs rebâtis après destruction partielle, ont laissé sur le sol le tracé du rectangle qu’ils dessinaient ; et, détail plus caractéristique encore, le massif de maçonnerie qui supportait l’autel aux sacrifices, en avant de l’escalier d’accès, est encore en place jusqu’à une certaine hauteur. Temple purement romain de plan, consacré à une divinité dont rien ne nous révèle le nom.

Devant la cour sacrée et lui servant, pour ainsi dire, d’entrée, se développait perpendiculairement un édifice allongé, remanié, lui aussi, par deux fois ; chaque extrémité latérale se terminait en demi-cercle, en abside ; une troisième abside,