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LETTRES INÉDITES
DE
LA FAYETTE À Mme DE STAËL

Les lettres de La Fayette à Mme de Staël avaient été soigneusement conservées par elle et par ses héritiers. Elles étaient dans une enveloppe spéciale que j’ai trouvée dans les archives de Coppet. Celles de Mme de Staël, sauf une que je cite en note, n’ont malheureusement pas été conservées.

La Fayette, à la suite du discours qu’il avait prononcé devant l’Assemblée législative pour protester contre l’invasion des Tuileries au 20 juin 1792, avait été destitué par l’Assemblée et décrété d’accusation. Pour échapper à une arrestation, il avait quitté son armée et voulait passer en Hollande, mais il tomba aux mains des Autrichiens qui le livrèrent aux Prussiens. Après avoir passé par les prisons de Neiss et de Wesel, il finit par être enfermé à Olmutz avec Bureau de Puzy, son ancien chef d’État-major, et le marquis de la Tour-Maubourg, son ancien aide de camp. Ce sont les deux amis dont il parle dans cette lettre. Bolmann était le médecin honoraire de la prison d’Olmutz qui communiquait avec les prisonniers en leur prêtant des livres sur les marges desquels ils pouvaient écrire avec du jus de citron ou à l’encre de Chine. Il s’associa même à une tentative d’évasion qui ne réussit pas et à la suite de laquelle il fut condamné aux travaux forcés.

Lors de la négociation des préliminaires de Léoben et du traité de Campo-Formio, le général Bonaparte avait exigé, au nom du Comité de Salut Public, la mise en liberté des prisonniers d’Olmutz. La Fayette l’en remercia dans une lettre qui est au tome V de ses Mémoires.