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REVUE. — CHRONIQUE.

tion ne s’éternise point et ne laissons rien faire maintenant pour retarder le travail d’abornement. Tous les loisirs que nous donnerons à l’Allemagne, elle les utilisera à détruire l’œuvre de la Société des Nations et à chercher de nouveaux avantages.

Elle se conduit en Haute-Silésie comme partout ailleurs. Le cabinet Wirth, pour qui les Alliés ont eu tous les ménagements, n’a pas dit, en ces derniers mois, un seul mot qui préparât l’Allemagne à comprendre et à accepter un partage équitable, tout au contraire ; il n’a pas dit un seul mot pour faire réfléchir son pays sur les responsabilités qu’il a encourues, tout au contraire ; il n’a pas dit un mot pour flétrir les officiers qui se sont rendus, pendant la guerre, coupables de délits de droit commun ; il n’a pas dit un mot pour hâter le désarmement et pour accélérer la dissolution de la police centralisée. À l’intérieur, ses adversaires politiques ne l’ont pas moins traité de francophile. Il avait pris, dans son ministère, des représentants de l’ancien régime ; il avait laissé en place dans les administrations civiles et militaires toute la fleur de l’impérialisme. L’aile droite du parti populaire n’a cependant pas cessé de s’agiter contre lui. Il fallait, lui signifiait-on, qu’il démissionnât ou qu’il remaniât son cabinet, pour donner plus de gages encore à la politique de violation du Traité. C’est la Taegliche Rundschau qui a mené cette campagne avec le plus de vivacité. Son ancien rédacteur en chef, le député H. Rippler, qui appartient à la Volkspartei et qui s’est distingué de beaucoup de ses collègues par une politique de courtoisie envers la France, s’est retiré et a laissé la place à un des polémistes les plus passionnés de la droite, M. Friedrich Hussong, qui dirigeait précédemment le Tag, organe du parti national. La Taegliche Rundschau'' ne s’est cependant pas détachée des populistes, dont elle représente maintenant l’extrême droite, et elle a ouvert le feu contre M. Wirth, en publiant, sous la signature de M. Edward Stadtler, des articles ou le chancelier était accusé de coquetteries avec la France. Dans les couloirs du Reichstag, dans les commissions, un peu partout, se sont produites les mêmes attaques, et le 22 octobre, le chancelier a pris le parti d’envoyer au président d’Empire une lettre de démission qui a mis, une fois de plus, en pleine lumière la persévérance allemande et qui a pour objet, comme il était aisé de le prévoir, de préparer l’inexécution de l’ultimatum. M. Wirth a commencé par rappeler qu’il avait essayé, depuis le mois de mai, de montrer aux Alliés une sincère volonté de tenir les engagements pris. De les tenir entièrement ? Non pas ! Le chancelier a renouvelé, dans sa