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Chronique - 31 octobre 1921

Chronique de la quinzaine


Le dernier mot est-il dit dans l’affaire de Haute-Silésie ? On n’oserait malheureusement encore l’affirmer. De nouvelles agressions ont eu lieu, dans la région industrielle, contre les troupes françaises. À Kœnigshutte et à Zabrze, des Allemands ont attaqué, à coups de revolver, plusieurs de nos chasseurs alpins. Nous avons eu des morts et des blessés. C’est ainsi que continue à s’exécuter loyalement le Traité de Versailles et qu’est récompensée la bienveillance des Gouvernements alliés ! La recommandation présentée par le Conseil de la Société des Nations s’inspire cependant, il faut le reconnaître, d’une pensée de conciliation et le résultat obtenu ne l’a pas été sans un louable effort d’impartialité. Grâces soient rendues à l’esprit philosophique ! Si M. Balfour et M. Léon Bourgeois n’avaient, l’un et l’autre, le goût de la méditation et le culte des idées générales, ils se seraient, sans doute, fréquentés à Genève sans se comprendre et sans se lier d’amitié. Mais ils se sont plu à s’entretenir de quelques questions plus hautes et moins contingentes que celles dont ils étaient saisis. Ils ont retrouvé, sur les bords du Léman, sinon l’ombre légère des platanes et des oliviers d’Akademos, du moins la liberté des promenades péripatéticiennes et, accompagnés parfois de M. Bergson, ils ont cherché à pénétrer ensemble dans le clair obscur de la forêt einsteinienne. Ainsi rapprochés par la science et la métaphysique, ils se sont sentis beaucoup plus disposés à s’entendre, entre eux et avec leurs collègues des autres nations, sur le tracé de la frontière germano-polonaise.

Ils ont abordé le problème sans parti pris et surtout sans préoccupations personnelles. Ce n’étaient pas, comme au Conseil Suprême, des chefs de gouvernement qui s’affrontaient avec la secrète ambition de l’emporter l’un sur l’autre et avec le désir humain, trop humain,