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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La Chambre des députés s’est prononcée sur le projet de loi qui avait été déposé le 10 mars dernier et qui porte rétablissement de l’ambassade de la République française près le Saint-Siège. Par 387 voix contre 195, elle a repoussé une motion préjudicielle d’ajournement. Par 407 voix contre 176, elle a passé à la discussion de l’article unique. Par 391 voix contre 179, elle a voté le texte qui lui était soumis. Majorité et minorité, qu’il était facile de dénombrer par avance, se sont donc maintenues à peu près stationnaires au cours de ces scrutins successifs et, une fois de plus, les débats, pour longs qu’ils eussent été, n’ont influencé ni les consciences ni les suffrages. Ce n’est pas cependant qu’il n’y ait été dépensé beaucoup de talent. Rarement, au contraire, deux thèses opposées ont été soutenues, dans une assemblée politique, avec plus d’éloquence, de force et d’élévation.

Le projet a été principalement combattu par MM. Herriot, Paul Boncour, Varenne, Gheusi et Ferdinand Buisson, qui ont développé, dans des discours remarquables, toute l’argumentation des adversaires de l’ambassade. Ce sont surtout les deux premiers de ces orateurs qui ont dirigé l’attaque, l’un et l’autre avec les ressources d’une riche culture intellectuelle, l’un et l’autre avec une parfaite courtoisie et un respect attentif des convictions d’autrui.Les défenseurs de la loi se sont levés en beaucoup plus grand nombre ; venus des travées de la droite, de celles du centre ou de celles de gauche, ils ont parfois différé dans leurs motifs, avant de se rencontrer dans leurs conclusions. MM. Puech, Chassaigne-Goyon, de Magallon, Méritan, Guibal, Mandel, l’abbé Lemire, MM. Oberkirch, de Cassagnac, Aristide Briand, Marc Sangnier, de Baudry d’Asson, et j’ai peur de laisser la liste [1]

  1. Copyright by Raymond Poincaré, 1920.