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— Les Bonaparte (gli Bonaparti), nés dans la fange et élevés dans la corruption d’un pacha luxurieux (désignant M. de Marbœuf), ont dénoncé les meilleurs de nos citoyens à la Convention, et, dans un étage plus bas, ont aussi mal mérité de la pairie que les Aréna qui ont donné cet exemple de dénonciation.

Joseph Bonaparte écrivit (dit M. Pozzo di Borgo) : Prouvons qu’ils sont mauvais citoyens et notre fortune est faite.

Ce procès-verbal, contenant les discours de Paoli à cette assemblée (Consulta), fut rédigé par M. Pozzo-di Borgo. Il a vu que j’avais été frappé de l’expression de Paccia Luxurioso et m’a dit : « À présent, je ne m’exprimerais pas ainsi ! » Il m’a dit que les discours de Paoli avaient été rédigés d’avance par lui.

À son retour de France, trois commissaires de la nation furent envoyés en Corse pour informer sur la conduite des citoyens Paoli et Pozzo. Dès qu’il sut leur arrivée, il conseilla de les arrêter, disant qu’ils apportaient la Terreur et la guillotine, ce qui était vrai, — mais surtout ils venaient demander sa tête.

Ajaccio (prononcé et écrit : Aïacio) fut fortifié par lui et défendu contre la République. Pendant dix-huit mois, la lutte dura dans l’île et dans les montagnes.

Bonaparte, officier d’artillerie alors, ne commandait pas, mais servait dans les troupes envoyées de Bastia pour attaquer la citadelle d’Ajaccio. Bonaparte connaissait chaque pierre d’Aïacio, mais ne s’attendait pas à la fermeté de Pozzo, qui fit venir des montagnards et leur dit : « Vous fusillerez ces canonniers français, s’ils ne tirent pas sur cette frégate. » Or, ces canonniers étaient des hommes demeurés en garnison dans la place. Un vaisseau, le Vengeur, avait fait naufrage sur la côte ; on en prit les canons et on s’en servit pour armer la citadelle. Ainsi les patriotes français furent chassés, et Pozzo commença, sous l’aile de Paoli, à devenir grand. Une seconde Consulta eut lieu. Il en dirigea la pensée et en fit encore le procès-verbal que je viens de voir ; son résultat fut de donner la Corse à l’Angleterre et de lui donner une constitution.

Pozzo di Borgo fut vice-roi pendant deux ans sous l’Angleterre (George III).

Il vient de me montrer aussi un gros livre italien, contenant les actes « de mon règne, » m’a-t-il dit en souriant.