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LE FUSILIER MARIN


Fusilier marin au rouge pompon
Ne craint pas à terre un coup de tampon
Et se fait parfois cueillir dans un bouge ;
Mais il se retrempe, une fois en mer ;
Or, c’était pareil à la mer, l’Yser,
N’est-ce pas, mon gars, l’homme au pompon rouge ?

Eau jaune, ciel gris, on se croit à bord.
Ici le créneau, kif-kif un sabord !
L’œil au point de mire, et feu sur qui bouge !
Et quand il fallait sortir du créneau,
On mettait là-bas, tuant en pleine eau,
A la baïonnette aussi pompon rouge.

Si bien que, parmi nos plus fiers poilus,
Il l’était, sur terre et sur mer, le plus.
Contre la Bochie à trogne de gouge
La Guerre n’eut pas de meilleur guerrier ;
O France, à ton front le divin laurier
Pour cocarde en fleur a son pompon rouge.


LA LETTRE DU PÉPÈRE


Dans la tranchée, à l’abri du gnon,
Pendant que trois font une manille,
Le vieux pépère a mis son lorgnon ;
C’est pour écrire à sa famille.

Que dit sa lettre ? Eh ! bien, qu’il va bien,
Qu’on tient toujours, que ça continue…
Mais cette lettre où ne se dit rien,
Elle sera la bienvenue.

On répondra de même façon :
Que l’on travaille et que l’on espère,
Qu’on est aux champs, labour ou moisson…
Mais cela suffit au pépère.