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d’appuyer nos exigences par l’occupation d’Athènes, ces expulsions d’Allemands provoquaient de la part des lignes de réservistes des manifestations auxquelles la police anglaise dut répondre. Le ministre de la Guerre grec se rendit à la Légation de France et tenta de prouver que le service des renseignements était seul responsable ; mais vivement contredit, il dut avouer son impuissance à éloigner d’Athènes les Grecs dangereux, parce que l’Etat-major était plus fort que le gouvernement. Notre modération semble alors d’autant plus inexplicable que le gouvernement grec violait à tout instant les promesses qu’il avait faites. Au lendemain du jour où il s’était engagé à ne se servir de la télégraphie sans fil que pour des communications en clair il continuait à s’en servir pour envoyer des télégrammes chiffrés ou pour la transmission de ceux des Allemands. Dans une seule nuit, notre police constatait que neuf télégrammes chiffrés, dont huit allemands, avaient été expédiés du bateau l’Averoff ; le neuvième était adressé par le gouvernement grec à son ministre à Berlin. Les jours suivants, ces envois, contrairement aux engagements pris, devenaient plus nombreux. Le gouvernement grec s’était officiellement engagé à ne tolérer aucune réunion de ceux qui s’étaient institués, de leur propre autorité, défenseurs de l’ordre ; mais presque aussitôt il laissait les réservistes troubler l’ordre sans les désarmer ni les arrêter. Il en résultait que ces ligues tenaient des réunions dans les rues, arrêtaient les passants. Dans la soirée du 5 septembre, deux agents de la police anglaise étaient blessés à coups de couteau. Le 7, des ligueurs tiraient sur un automobile français et ces attentats trouvaient des encouragements d’une part dans la tolérance du gouvernement grec et dans l’attitude du parti vénizéliste qui, sous l’influence de son illustre chef, considérait que les circonstances lui imposaient une inaction totale préférable à tout mouvement révolutionnaire.

On pouvait croire que le départ des Allemands expulsés ramènerait le calme et que le Roi et ses ministres, impressionnés par ce départ, se joindraient à nous pour faire cesser les troubles dont la capitale commençait à être le théâtre. On verra bientôt qu’il n’en fut rien. Les expulsés étaient partis sans incidents dans la soirée du 8 septembre, en remerciant les agents français et anglais qui les avaient accompagnés à bord. Ils paraissaient enchantés d’être obligés de quitter la Grèce et de