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significatif : « Le commandant du fort, Johannis Mavroudis, a livré le fort à la cavalerie allemande, capitaine Thiel, ainsi que le matériel suivant : 2 canons de 15 centimètres, 2 canons de 7 cinq avec 800 coups, 1 200 000 cartouches de fusils, 500 décimètres de poudre, 350 décimètres de sucre, 150 décimètres de beurre. »

Quelques jours plus tard, la 5e division annonçait au gouvernement royal que les Bulgares maltraitaient les populations, bétonnaient et chassaient les gendarmes, foulaient aux pieds le drapeau grec. Le chef d’Etat-major, Dousmanis, répondait : « Les faits en question regardent les gouvernements qui ont pris des mesures et ne sont pas inquiets, et non pas les armées. Evitez tout frottement. »

Le 7/20 août, la situation affectait le même caractère qu’au mois de mai. Lorsque la 6e division de l’armée grecque avait voulu empêcher, en collaboration avec l’armée française, l’occupation de Serrés par les Bulgares, le commandant de ce corps, lieutenant-colonel Hatsopoulos, envoyait de Cavalla l’ordre suivant : « Le gouvernement interdit toute résistance aux Bulgares. J’interdis absolument toute action commune avec les Français. Evacuez Serrés et acheminez-vous sur Eleuthérès. » Et le 25 août : « Laissez aux Bulgares la route circulaire des forts. Les Bulgares doivent être laissés libres de creuser tous ouvrages de défense. » Trois jours plus tard, les Bulgares demandaient l’occupation de Cavalla et l’éloignement de la garnison grecque à l’intérieur, ce qui leur était aussitôt accordé. Il est donc prouvé que le plan qui s’exécutait avait été dressé depuis longtemps, et que le gouvernement royal y avait prêté les mains.

En occupant Florina, les Bulgares rouvraient les voies de communication et de ravitaillement avec la Serbie et l’Allemagne, alors que depuis longtemps les Allemands de Grèce ne pouvaient plus que très difficilement communiquer avec Berlin. Maintenant, leurs communications étaient assurées, les ravitaillements se faisaient plus nombreux, par contrebande, il est vrai ; mais les marchandises se précipitaient vers la Serbie, et, dès le 20 août, les Allemands achetaient à Patras de grandes quantités de fruits secs à destination de Monastir. Le mouvement commercial du Pirée vers cette région augmentait brusquement à partir de la même date.

Il ne faudrait pas croire cependant que toute l’armée