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ici une « lecture. » en effet, le professeur parle sans aucun apprêt, toujours d’après des notes fort développées, étalées devant lui sur un pupitre. M. Ebert dit qu’il n’y a pas d’orateurs ou très peu dans les universités, qu’en général la construction de la phrase allemande, l’inversion continuelle, est très défavorable à l’éloquence ; les préfixes séparables gênent ; à la fin de la phrase, on a oublié le commencement. — Pas d’unité. Son début a été la queue de la précédente leçon, et il a coupé net la fin de sa leçon à cause de l’heure. Sujet : œuvres littéraires en italien de Lorenzo de Medici, L. Pulci, Poliziano. Quelques dates et notes de biographie ; origines françaises de l’épopée italienne ; quelques renseignements sur Turpin, les deux portions de sa chronique, les chansons de gestes et les canzone provençales, introduction en Italie de ce mètre et de cette matière ; les imitations en français par des Italiens, Nicolas de Padoue à la bibliothèque de l’École des Charles, i reali di Francia. — Tout positif. Bibliographie des auteurs, avec lien et date de publication, analyse sèche du contenu de chaque poème ou roman, indication de la forme métrique et de ses affinités. Le tout d’un ton froid, terne, aussi froid que Curtius hier : celui-ci, meilleur professeur, parle plus distinctement et d’une façon plus didactique. — La littérature est prise au point de vue purement scientifique. C’est l’inverse de ma manière : je suppose tout le technique connu ; maintenant, voyons les mœurs, les sentiments et les âmes.

Je commence à voir ce que c’est qu’une université, une science allemande : grand magasin de faits, idées et doctrines, à bon marché, fournis consciencieusement en paquets étiquetés, sans aucun ornement ni agrément : en France, il n’y aurait pas de chalands.

Allgemeine Zeitung d’hier. Suicides de soldats, attribués aux mauvais traitements, à l’insolence des officiers prussiens, A plusieurs reprises, un commandant prussien a été entendu dans le Mecklembourg disant : « Têtes de buffle meklembourgeoises, vous avez les joues pleines ; attendez un peu, et je vous les ferai maigrir. »

Beaucoup d’enfants ici, surtout dans les faubourgs. Le costume populaire laisse les bras nus presque jusqu’à l’épaule : vilaine chair fiasque et rougie. Presque aucune figure belle. J’ai encore vu beaucoup d’étudiants, et toujours les mêmes lignes tourmentées et rabougries.