Page:Revue des Deux Mondes - 1920 - tome 60.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.

même aux plus élémentaires. — Sur les professeurs. Leipzig est l’Université la mieux payée ; mais en général les professeurs sont bien rétribués. Ici, ils reçoivent de l’État de 1 500 à 3 000 thalers par an ; en outre, cours privata et privatissima, qui peuvent rapporter 300 thalers, ou davantage, cela dépend du nombre des élèves payants. Avec 1 500 thalers, on peut vivre et faire vivre sa famille confortablement, mais sans plaisirs ; il en faut 2 500 pour avoir un abonnement au théâtre, faire des voyages, aller aux bains de mer ou en Suisse.

Visite à M. Brockhaus. Il a l’air d’avoir trente ans au plus ; petit, tête allemande, mais poli et bienveillant. Maison immense, c’est une série de quatre cours avec énormes bâtiments transversaux, en tout sept maisons : Leipzig est la patrie de la librairie. — Un livre savant, solide, comme celui d’Overbeck (Griechische Plastik) se tire probablement à 750 ou 1 000. De la plupart de ces ouvrages savants, on vend 400 ou 500, le reste devient de la « maculature. » Parfois (Hettner, Litteratur des 18ten Jahrhunderts, ou Curtius, Griechische Geschichte), on tire à 1 500 ou 2 000. Mommsen a dû tirer à 3 000. Les romans d’Auerbach, de Freytag, se tirent à 3 ou 5 000. L’auteur a de 20 à 100 francs par feuille ; pour une édition de 3 000 exemplaires, M. Freytag ou M. Mommsen peuvent gagner 3 000 francs par volume, 4 ou 5 000 si le volume est très gros. — La Kölnische Zeitung tire à 18 000 ; l’Allgemeine et d’autres politiques analogues, à 10 000 ou 12 000 ; le Centralblatt, les Grenzboten, à 1 200 ou 1 800. Le plus vendu des journaux politiques est la Neue Freie Presse de Vienne. Il y a je ne sais plus quel journal populaire qui tire à 250 000. Une revue toute scientifique, l’Hermès, ou la Zeitschrift für Philosophie, tire à 400 à peu près. — Dans la plupart de ces journaux, on paie les écrivains à raison de 6 à 12 thalers les seize pages. La rétribution est presque nulle ; quelques journaux amusants, pleins de romans, comme le Neue ¨Blatt de Paul Lindau, sont les seuls qui puissent faire vivre un écrivain à condition qu’il soit très fécond. — Pourquoi les livres allemands sont-ils si chers, bien plus chers que les livres français ? Ce n’est pas que le papier, l’impression, les auteurs coûtent davantage ; c’est que le public, surtout le public riche, n’achète pas. Tel millionnaire n’a pas cent volumes chez lui. Les riches commerçants, les nobles, ne lisent guère, ou empruntent au cabinet de lecture. M. Auerbach contait le trait