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historiettes publiées ou recommandées par le comité pédagogique (l’une de Ferdinand Schmidt) : plat, détestable, moralité banale et sentimentale, mots abstraits et savants, aucune idée de ce qu’est un lecteur simple ; à quelle distance de François le Champi ! Il leur faudra autant de temps pour apprendre le style qu’à nous pour devenir érudits. — Je vais voir des professeurs, des savants spéciaux ; je crains bien de trouver des ouvriers, des Handarbeiter de la science.


4 juillet.

Ma première impression sur Leipzig était trop sévère. Le Marktplatz est intéressant ; la façade des maisons terminée en pignons pointus, les sculptures de bois qui bordent tous les avançages, les six ou huit pignons du Rathhaus font plaisir à voir ; il y a un goût original, assez analogue au goût flamand, dans ces vieilles bâtisses, et le souvenir s’en retrouve dans les neuves : c’est une architecture du Nord, ornementée de stuc, bien plus naturelle dans ce climat que les lignes trop simples et les fortes masses du style classique.

Dessins à la devanture des boutiques près de l’Université : « les deux méchants garçons » et « le pacificateur. » Les deux méchants garçons vont voler des pommes et du raisin, sont battus par le garde-champêtre et menés en prison pour douze heures. Dans l’autre, paysans et paysannes vont faire ripaille à l’auberge et se battent ; l’aubergiste tape dessus, puis le garde-champêtre ; enfin, à bout, on fait entrer le taureau ; fuite générale, le taureau tout fier reste seul dans la cour. — Grosse plaisanterie de bonne humeur naïve, de plus morale dans le premier cas ; caricature très chargée, mais facile et expressive. Il y a un fond flamand dans l’art populaire allemand ; de même dans les Münchenerbilderbogen et dans le Kladderadatsch.

Onze heures, à l’Université. Leçon du professeur G. Curtius, sur la langue étrusque, les langues celtiques et germaniques. Pas d’introduction ni de conclusions, il ne cherche pas l’unité, la forme : c’est un résumé, solide, plein de faits. Il cite les principaux auteurs, donne le nombre des volumes, la date de la publication, la bibliographie, puis les caractères principaux de la langue, avec exemples à l’appui, qu’il écrit sur le tableau. Ainsi les Etrusques sont Indo-Germains, ne se laissent rattacher précisément à aucun groupe particulier ; pourtant plus