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marché l’objet de manifestations francophiles. Ainsi toutes les prévisions se sont réalisées, mais ce n’est qu’une première étape et il faudra la recommencer prochainement. »

C’était aussi l’opinion des membres les plus éminents de la diplomatie de l’Entente. De Londres, M. Paul Cambon écrivait : « Le roi Constantin est, à n’en pas douter, notre ennemi. Toute tentative de résistance de sa part doit être le commencement de sa déchéance. » M. Barrère, notre ambassadeur au Quirinal, ne pensait pas autrement. Il s’appuyait sur le langage que lui avait tenu M. Sonnino, président du Conseil italien. « Il ne faut pas se laisser leurrer par des succès diplomatiques et oublier que le véritable danger pour l’Entente en Grèce est le roi Constantin. Il faut, si ses engagements ne sont pas immédiatement exécutés, que la flotte alliée se rende au Phalère et les troupes au Pirée. » Il importait, en effet, de ne pas oublier que le contre-ordre donné à la démonstration navale avait compromis le mouvement, après avoir failli le faire échouer.

Toutefois, répétons-le, l’effet sur le moment était considérable. On croyait entrer dans une phase nouvelle où s’affirmerait de la part du gouvernement grec une neutralité loyale. C’était compter sans la mauvaise foi du roi Constantin et de ses complices, personnages sinistres qu’on voyait depuis trop longtemps associés à lui pour servir les intérêts de l’Allemagne.


ERNEST DAUDET.