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n’étaient pas réalisées, » s’engage à exécuter intégralement les demandes précitées. — Athènes, le 10-23 juin 1916. Signé : ALEXANDRE ZAÏMIS. »

Cette lettre était la consécration de la victoire pacifique des Puissances. Elles avaient vaincu sans coup férir et des compliments chaleureux leur arrivaient de toutes parts. M. Vénizélos écrivait au ministre de France une lettre de gratitude : « Les Puissances, disait-il, nous ont épargné une révolution ; elles ont acquis de nouveaux titres à la reconnaissance du peuple grec. Je sais d’ailleurs quelle part revient à la France et à vous personnellement dans ce succès. »

Il semble cependant que, tout en s’associant aux témoignages de la satisfaction générale, les représentants de l’Entente à Athènes pressentaient déjà que le gouvernement grec ne tiendrait pas ses promesses et qu’il faudrait pour les lui rappeler recourir à des mesures coercitives, à cette démonstration militaire et navale devant laquelle on avait malheureusement reculé. Ils pensaient que le résultat obtenu sur le papier eut été plus éclatant, si leur démarche avait été appuyée par l’apparition de la force considérée par eux comme essentielle pour inspirer aux Grecs une crainte salutaire et une impression durable, ainsi que pour assurer l’exécution de leurs engagements. Ils prévoyaient qu’une vigilance redoublée et un effort continu seraient nécessaires pour suppléer à l’impression de crainte qui n’avait pas été produite.

Néanmoins, au lendemain du succès diplomatique remporté par l’Entente et que rappelle la date du 23 juin, on constatait à Athènes un apaisement général que cherchaient à favoriser les ministres alliés et le cabinet Zaïmis lui-même. Le Roi, semble-t-il, n’y restait pas étranger, espérant sans doute que son gouvernement, en dépit des engagements pris, se déroberait aux exigences de la note collective : « Cet épisode passera, disait-il, comme les précédents et comme bien d’autres d’ici à la fin de la guerre. » D’un autre côté, M. Vénizelos s’était abouché avec M. Zaïmis et ils étaient tombés d’accord pour fixer les élections au 4 septembre. Il demandait aux ministres alliés de ne pas se relâcher dans leur surveillance, mais d’avoir confiance dans M. Zaïmis. Il était d’avis qu’on lui facilitât sa tâche en ne lui rendant pas la vie trop dure. M. Zaïmis s’efforçait lui-même de prouver son bon vouloir. Il pourra dire un peu plus tard aux ministres