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REVUE LITTÉRAIRE

QUI ÉTAIT L’ASTRÉE DE RONSARD ?[1]

Charmante nouvelle et, toujours bienvenue, l’occasion de relire un peu Ronsard : on vient de retrouver Astrée, la vraie Astrée, la jeune femme que Ronsard aima et qu’il a célébrée sous un tel nom céleste.

C’est, pour la première fois, dans l’édition de 1578 que parut le groupe des « Sonnets et madrigals pour Astrée, » où il y a l’adorable sonnet de l’épiphanie de Vénus :

Au mois d’avril, quand l’an se renouvelle,
L’aube ne sort si belle de la mer,
Ni hors des flots la déesse d’aimer
Ne vient à Cypre en sa conque si belle,
Comme je vis la beauté que j’appelle
Mon astre saint au matin s’éveiller,
Rire le ciel, la terre s’émailler,
Et les amours voler à l’entour d’elle…

Ces vers sont dans toutes les mémoires et y font un remuement de lumière pareil au scintillement des petites vagues sous la brise.

Le premier jour que Ronsard vit son Astrée, elle lui donna « mainte dragée et mainte confiture. » Ces friandises étaient à la mode ; et la mode ne s’en perdit pas vite : au siècle suivant, Mademoiselle trouvait « assez bonne femme » l’insupportable princesse de Carignan, qui avait sans faute ses poches pleines de confitures ; « et la reine me faisait la guerre que je ne l’aimais que pour qu’elle m’en

  1. Un amour de Ronsard, Astrée, par Gustave Charlier, — extrait de la Revue du seizième siècle, — (librairie Champion). Cf. Une Famille, Les d’Alègre par Pierre de Vaissière (Émile-Paul) ; — Pierre de Ronsard, par Henri Longnon (Champion) ; — Le dernier amour de Ronsard, par Pierre de Nolhac (Dorbon).