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paysans de la Galicie et du Royaume dans les territoires de l’Est, qui sont relativement peu peuplés et mal cultivés ; attirer vers les villes une partie de la population des campagnes. Ces deux moyens, nous ne pouvons les mettre en œuvre sans le secours des Alliés. Il faut qu’on nous autorise à enfermer dans nos frontières les régions d’Ukraine et de Blanche-Russie où domine l’élément catholique et polonais ; et il faut qu’on nous mette en mesure de créer la grande industrie qui, lotit en transformant nos richesses naturelles selon les besoins de la consommation nationale et de l’exportation, retiendra dans les villes une certaine proportion de nos paysans et leur assurera, avec un plus grand bien-être matériel, les moyens de s’instruire et de se développer. Alors seulement la population restée dans les campagnes pourra respirer, s’étendre, sortir de son ignorance et de sa misère, pour entrer en même temps dans la vie civilisée et dans la vie nationale.

« Vous voyez que le problème est complexe, et qu’il est urgent : il ne s’agit pas seulement pour nous, en développant rapidement l’industrie, de produire, de couvrir nos besoins, et de nous assurer les valeurs d’échange indispensables à notre vie économique ; mais encore et surtout d’échapper à la révolution, à la ruine. Etablir, par une meilleure répartition démographique, l’équilibre nécessaire entre les campagnes et les villes, voilà le problème essentiel, le but primordial. Donner aux classes qui, de par leur nombre et leur importance, détiennent le pouvoir, les moyens de l’exercer utilement, c’est-à-dire au mieux des intérêts de toute la nation, telle est la tâche difficile qui nous incombe et qu’il nous faut accomplir sans retard, si nous voulons vivre, progresser, et non pas sombrer dans le désordre et dans l’anarchie. »


LE RÉGIME FONCIER, LA DIVISION DU SOL

M. Stanislas Grabski me révélait, sous une forme peut-être un peu théorique et abstraite, la cause profonde du malaise dont, au cours de mon voyage, j’avais vaguement aperçu les effets. Partout on m’avait dit : « la première question à résoudre, c’est la question agraire. » Même dans les milieux les plus conservateurs de la Galicie, j’avais entendu déclarer qu’une réforme agraire était indispensable. Mais quelle réforme ? Là-dessus,