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fecte (exactement comme l’anophèle malarique), en piquant un malade et devient dangereux cinq à sept jours après s’être infecté.

Mais, à l’inverse de la malaria, dont l’agent pathogène est un microorganisme assez volumineux, un hématozoaire, celui du typhus est un microbe totalement invisible qui appartient à la catégorie des virus filtrants.

Les virus filtrants qu’on appelle aussi des ultra-microbes, sont des germes infectieux que les plus puissants microscopes actuels ne permettent pas de déceler, mais dont l’existence n’en est pas moins bien prouvée. On a démontré leur existence en les séparant par filtration (de là leur nom) à travers des filtres aux pores extrêmement fins et qui ne laissent pas passer les microbes ordinaires. Le liquide ainsi filtré en prélevant les humeurs d’animaux ou d’hommes malades, est capable de transmettre la maladie à des animaux successifs, et successivement (par passage des humeurs de chaque animal inoculé au suivant) avec une égale intensité. Cela prouve que le virus ainsi filtré est capable de se multiplier dans l’individu inoculé, donc que c’est un organisme vivant.

Chose curieuse, la rage qui a été la première maladie guérie par les méthodes pastoriennes est causée comme le typhus, par un microbe filtrant qui n’a jamais pu être observé.

Grâce à des filtres en bougie de porcelaine en terre poreuse dont les pores arrivent à ne pas dépasser deux millionièmes de millimètre de diamètre, on est ainsi arrivé à isoler des ultra-microbes nombreux dont la dimension est très inférieure à la longueur d’onde de la lumière et qui, pour ce motif, ne sont pas décelables au microscope.

Le typhus a fait et fait encore des ravages effrayants dans toute l’Europe orientale et notamment en Russie (où la saleté et la misère bolcheviques l’ont multiplié), en Pologne et en Ukraine. Beaucoup des événements militaires dont ces pays ont été le siège, — et notamment naguère la défaite de Petlioura, — ont été causés par des épidémies de typhus.

Dans le reste de l’Europe, et notamment en France, quelques cas sporadiques et heureusement isolés ont été observés. C’est assez pour que les mesures les plus rigoureuses s’imposent contre un tel fléau. Les quelques cas très peu nombreux observés naguère chez nous, et notamment à Paris, ont été en général le fait de travailleurs venant de l’Europe orientale. C’est pourquoi maintenant les travailleurs polonais qui viennent en assez grand nombre dans nos régions