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des consortiums trop puissants ; enfin, et toujours, on invoquait le « contrôle de l’Etat. »

Le 16 juin on établit sur la matière un projet de décret, qui devait être soumis au Conseil des ministres et pouvait être approuvé par lui sans passer par l’Assemblée ; les sociétés étrangères seraient autorisées à fonder en Pologne des succursales, à la condition que ces succursales fissent l’objet d’une comptabilité séparée, eussent leur siège social à l’intérieur du pays et fussent administrées par un conseil comprenant un certain nombre de Polonais. La majorité polonaise dans le conseil ne serait exigée que pour les entreprises intéressant directement la défense nationale et le fonctionnement des grands services publics (fabrications de guerre, chemins de fer, etc.). Ces dispositions se retrouvent à peu près dans le projet définitif, dont le Comité économique a arrêté les termes au début de juillet. En voici le résumé :

1° Les entreprises financées par des capitaux étrangers ne pourront fonctionner sur le territoire de la République, qu’après avoir obtenu une concession du gouvernement.

2° L’enregistrement est obligatoire pour toutes les entreprises commerciales et industrielles.

3° Pour les entreprises intéressant directement l’Etat, les provinces ou les communes (chemins de fer, téléphones, adduction d’eau, etc.), le gouvernement aura le droit de poser certaines conditions : émission d’actions nominatives ; participation pour moitié du capital polonais, représentation polonaise dans la direction de l’entreprise.

4° Les succursales des entreprises étrangères devront, pour s’établir en Pologne, obtenir une concession, constituer une organisation indépendante qui sera fixée dans le pays, faire l’objet d’une comptabilité séparée dont les livres seront soumis au contrôle des autorités polonaises.

Les fonctionnaires polonais qui ont bien voulu me communiquer ce projet m’ont fait observer que la plupart de ces mesures avaient été dictées, non par un esprit de défiance à l’égard des capitaux étrangers en général, mais par la nécessité de se défendre contre l’intrusion des capitaux allemands.

En définitive, les Polonais comprennent fort bien qu’il leur faut chercher à l’étranger les moyens financiers dont ils manquent. Mais, avant toute chose, ils entendent rester maîtres