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le traité de Versailles accorde aux Alliés et retire à l’Allemagne, pour nous aider à développer notre navigation intérieure ? Pourquoi enfin les produits français ne remplaceraient-ils pas en Pologne les produits allemands ?

« Certes, il y faudra un effort, car l’Allemagne garde sur la France certains avantages. Trois ans d’occupation lui ont donné tout loisir d’étudier notre pays, de connaître nos besoins, nos goûts et nos habitudes. Ses mœurs commerciales nous sont plus familières que les vôtres, et s’adaptent mieux à nos convenances : livraison rapide et longs crédits, une grande souplesse à se conformer aux désirs de la clientèle, beaucoup d’audace dans l’entreprise et de promptitude dans la réalisation. Enfin, pour le moment, les conditions du change allemand, tout en étant défavorables, sont pour nous moins désastreuses que celles du change français.

« Mais ces obstacles ne sont pas invincibles, et il vaudrait la peine de les vaincre. Car la Pologne ne représente pas seulement un marché de consommation ; elle est encore et sera de plus une place de transit. Elle sert d’intermédiaire entre l’Occident et l’Orient. Combien de produits allemands, autrichiens, hongrois, n’atteignaient la Russie qu’à travers la Pologne ! Nous transformions les uns, nous revendions les autres tels quels. Les industries de transformation et de finition occupaient, rien qu’à Varsovie, des milliers d’ouvriers.

« Nous concevons fort bien un système commercial, qui ferait de la Pologne l’intermédiaire entre la production française et la consommation orientale, russe en particulier. Ainsi vous nous feriez profiter d’une partie des capitaux que vous destiniez naguère si largement à la Russie, et nous mettrions à votre disposition l’expérience que nous avons du pays russe et l’activité des milliers d’agents commerciaux que nous y avons toujours entretenus. Entre tant d’aspects, sous lesquels on peut envisager la collaboration de la France et de la Pologne dans le monde, celui-là n’est peut-être pas le moins séduisant pour vous et pour nous. »


LA QUESTION DE DANTZIG

De quelque façon qu’on le conçoive, l’avenir économique de la Pologne est subordonné à la valeur pratique du débouché