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questions relatives à la vie économique de la province. Cette vie économique, c’est nous qui la dirigeons, très librement. C’est à nous qu’il appartient d’introduire dans la région des métiers nouveaux, de perfectionner ceux qui sont déjà établis. Nos secrétaires et nos correspondants suivent le mouvement commercial et industriel dans le monde entier. S’ils nous signalent quelque nouveauté, quelque transformation intéressante, nous envoyons une mission l’étudier sur place, ou bien nous invitons à venir ici les inventeurs de procédés nouveaux ou les maîtres-artisans qu’ils ont formés à les appliquer. Plusieurs maîtres étrangers ont enseigné dans l’école que nous avons adjointe au musée, pour le plus grand profit des artisans de Lwow. Quant à nos dernières missions, ou bourses de voyage, elles ont été attribuées, quelques mois avant la guerre, à des tapissiers-décorateurs, qui sont allés étudier pour nous à Paris les progrès d’un art où nul peuple ne vous dépasse. »

Tout en parlant, le président de la Chambre de Commerce m’avait montré la salle du Conseil et la salle des Séances, une riche bibliothèque et des archives ingénieusement classées.

— Vous pourriez trouver ici, me dit-il, tous les éléments de votre enquête ; mais vous n’avez pas le temps de les y chercher. Revenez cet après-midi ; je convoquerai quelques-uns de nos membres les plus compétents dans les différentes branches, et vous causerez avec eux.

Non seulement, nous causâmes longuement, un peu de tout ; mais un secrétaire de la Chambre prit soin de faire relever la sténographie de notre entretien, et un aide-mémoire complet et commode, quoique rédigé en allemand, me fut remis le lendemain. En quelques heures, toutes les richesses de la Galicie avaient défilé sous mes yeux, et tous les modes de son activité : naphte, charbon, potasse, sel, bois, eaux minérales ; brûleries et distilleries d’alcool, papeteries, verreries, fabriques de meubles, industries chimiques. Au bout de chaque exposé, deux phrases revenaient alternativement, comme des refrains mélancoliques : « Cette industrie a été ruinée par la guerre, » ou bien : « Cette industrie végète, faute de capitaux. » Détruits par les Russes, les grands moulins à vapeur vers lesquels affluait naguère le grain de Russie, de Hongrie et de Roumanie : sur cent, il en reste sept un huit. Ruinées, les fabriques d’alcool de pomme de terre, d’où sortaient chaque année 700 000