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une indemnité en argent qui nous permet de réparer les dommages causés à l’exploitation par l’invasion russe.

« Nos affaires allèrent fort bien jusqu’à la fin de 1917. Au début de l’année suivante, la situation militaire des Empires centraux était devenue moins bonne ; leur situation financière aussi, sans doute ; car, nous fournissions encore de l’huile, on ne nous envoyait plus d’argent. Nous connûmes de nouveau les mauvais jours. En novembre 1918, Boryslaw tomba aux mains des Ukrainiens et y demeura jusqu’à la fin de mai 1919. Durant cette période, le travail fut complètement arrêté. L’activité reprit avec le retour des Polonais. Certes les conditions n’étaient pas devenues faciles : des frontières et des douanes de tous côtés ; les Tchèques, qui nous fournissaient presque tout le matériel, refusaient d’en livrer.

« Mais aujourd’hui, la situation se présente sous un meilleur aspect. Que faut-il pour que les conditions redeviennent normales ? La paix avec les bolcheviks et le rétablissement de la devise polonaise à un taux raisonnable. Le jour où ces deux points seront acquis, nous commencerons à progresser, pour atteindre en cinq ou six ans notre complet développement. De nombreux terrains pétrolifères sont encore inexploités. Pour le moment, la Roumanie n’est guère en état ni de produire ni d’exporter. Bakou est aux mains des bolchévistes et ne compte plus sur le marché que pour les dix millions de ponds qui sont encore dans ses réservoirs. Les Américains manquent de bateaux-citernes pour amener le pétrole en Europe. De cette situation, la Galicie peut profiter pendant quelque temps.

« Tout ira bien, si les ouvriers consentent à travailler. En ce moment, nous avons peu de grèves ; mais nous n’allons de l’avant qu’à coups de compromis et de concessions. Avant la guerre, le salaire moyen d’un ouvrier était de 150 couronnes par mois ; il est aujourd’hui de 2.900 marks. L’ouvrier marié touche en outre une indemnité de 55 marks mensuels pour sa femme, une prime également mensuelle de 175 marks pour le premier enfant, de 150 pour le second, de 100 pour le troisième et de 50 pour chacun des suivants. Quant aux employés", leur moindre prétention s’élève à 10.000 marks par mois. « L’extraction du pétrole occupe environ 10.000 ouvriers ; Boryslaw en compte 2.300. 40 pour 100 des ouvriers sont des habitants du pays ; les autres viennent de l’Est. Ce sont des