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sahariennes : ce sont les villes d’or par excellence. Il est superflu de les décrire ici l’une après l’autre. Ce serait s’exposer à de fastidieuses répétitions. Pour s’en faire une idée à peu près complète, quelques types de villes maritimes et agricoles, ou de villes désertiques suffiront. Parmi les premières, nous choisirions Thugga et Hadrumète, en passant par Uthina et Thuburbo majus. Parmi les secondes, nous nous en tiendrions à Sufetula, Thysdrus, Ammædara et Gigthi.

Avant d’y conduire le lecteur, on ne saurait trop l’avertir que, étant donné l’état actuel des fouilles et des restaurations, on n’y voit qu’une faible partie de ce qu’on devrait y voir.


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Thugga, — que les indigènes appellent aujourd’hui Dougga, — était, dans l’antiquité, une petite ville de troisième ou quatrième ordre, qui, avec sa banlieue (pagus) et sa cité proprement dite, forma de bonne heure une agglomération urbaine. Vers la fin de l’Empire, elle finit par devenir une colonie, comme l’attestent plusieurs inscriptions, où figurent tous ses noms officiels, lesquels commémorent ceux de ses fondateurs ou de ses bienfaiteurs : Colonia Licinia, Septimia, Aurelia, Alexandriana Thugga.

Le pays environnant était alors tellement prospère que cette petite ville provinciale pouvait s’offrir le luxe de quelques beaux monuments. Elle faisait une certaine figure dans la région. Et celle-ci avait une population tellement dense que, depuis Carthage jusqu’à Thugga, c’était toute une succession de villes très rapprochées les unes des autres. Aujourd’hui, quelques-unes sont encore debout, dissimulant mal leur vieux nom romain, berbère ou punique sous un vocable moderne plus ou moins arabisé. A quelques lieues de Tunis, c’était, par exemple, Tebourba, l’ancienne Thuburbo minus, où saint Cyprien, alors récemment intronisé évêque de Carthage, vint chercher un abri durant la persécution de Dèce. Puis Medjez et Bab, dont le nom antique est perdu, mais où l’on pouvait voir jusqu’à ces derniers temps les restes d’une porte triomphale, sous laquelle passait la grande voie militaire de Carthage à Théveste, — et aussi les arches d’un pont romain qui franchissait le Bagradas, l’actuelle Medjerda. Puis, dans les environs de Testour, la grande villa des Variani, — et, quelques lieues plus loin, l’ancienne Thignica