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dispositions conciliantes. Il est d’ailleurs excessif de dire que tous les évêques présents à Rome lors de la canonisation de Jeanne d’Arc, se soient déclarés contraires à cette disposition conciliante du Saint-Père ; nous en savons beaucoup, pour notre part, qui s’en remettent à sa décision avec une confiante docilité ; nous en connaissons même qui s’y conformeraient avec reconnaissance, et la considèrent, dans les circonstances actuelles, comme la seule issue à la situation inextricable où sa trouve l’Église de France.

Quant à la démarche des cardinaux français, l’Ordre public est incomplet. Non seulement, après quelques hésitations, ils se sont montrés contraires à l’acceptation ou à la tolérance des Cultuelles ; mais plusieurs d’entre eux ont proposé au Saint-Père pour l’Eglise de France un autre terrain légal, celui des Syndicats. Il convient d’ajouter qu’après une étude bienveillante de ce projet ordonnée par le Saint-Père, ses promoteurs eux-mêmes ont dû reconnaître que ce nouveau terrain, dont les droits sont encore incertains et sans jurisprudence établie, avait tous les inconvénients attribués aux Cultuelles de 1905 et d’autres plus grands encore et qui lui sont propres, puisqu’il n’offrait aux biens de nos églises qu’un abri très incertain et très limité, et aucun refuge à notre hiérarchie.

Bien que l’infaillibilité du Pape ne soit pas engagée dans cette question, et que Benoît XV lui-même ait accueilli et examiné, comme il le fait toujours, avec déférence, les observations respectueuses de certains évêques, la présomption est évidemment en faveur du Chef suprême de l’Eglise ; et nous ne pouvons admettre que le Pape, et un Pape aussi jaloux que Benoît XV de la sauvegarde des principes, et aussi perspicace à les discerner des préjugés et des idées personnels, avec lesquels plusieurs parfois les confondent, ait eu l’intention d’accepter ni même de tolérer, pour l’Eglise de France, les Cultuelles, si vraiment, en dépit de toutes les garanties offertes et reçues, elles sont essentiellement et irrémédiablement contraires à notre hiérarchie.

C’est toutefois avec toute la liberté d’esprit dont nous sommes capables que nous avons étudié cette loi ignorée ou oubliée de beaucoup de ceux qui croient la connaître. A la lumière de cette étude attentive et impartiale, nous sommes arrivés à la conviction que, bien interprétée, si nous savons nous en servir ;