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nous prouve que l’artillerie lourde allemande est revenue renforcée. D’ailleurs, le drachen-ballon a réapparu, lui aussi, et les avions allemands prennent l’air, quel que soit l’état du temps. Nous n’avons pas les mêmes moyens, et, lorsque je demande le concours de notre aviation pour me renseigner, on me répond qu’il pleut, qu’il vente trop, etc…

Dans la soirée, les bataillons sénégalais se relèvent entre eux, et j’obtiens que le bataillon de chasseurs belges, que je crois trop fatigué, soit relevé par un bataillon d’infanterie de ligne.


9 novembre.

Pendant la nuit, un groupe d’artillerie de la 6e D. A. commandé par le major Dujardin, vient relever nos quatorze pièces belges. Mais le colonel de Wleschouwer nous reste encore, et j’eusse été désolé de perdre ce joyeux compagnon, qui est en même temps un cœur vaillant et un artilleur très avisé. Le bon colonel est aussi un élément de solidité morale de premier ordre, par sa philosophie toujours souriante, et par son inépuisable entrain. Je puis dire qu’il m’a beaucoup aidé, de toutes manières, dans de bien vilains moments.

Naturellement, je prescris aux batteries relevées de laisser sur place toutes les munitions qu’elles possèdent encore. Ce n’est peut-être pas régulier, mais c’est toujours autant de gagné.

Le commandant Delage remplace le commandant Varney dans le commandement du groupement de l’avant, et le commandant Mauros remplace le commandant Conti, que je me reproche d’avoir laissé trop longtemps dans un poste aussi dur que le commandement de la tête de pont. Le commandant Conti remplace ensuite le commandant Mauros à l’Yser Sud.

Dès le matin, la fusillade reprend sur nos tranchées de Dixmude, et bientôt le bombardement général recommence pour rester violent toute la journée. Les Allemands ont occupé et retourné les tranchées creusées par le 151e de ligne en avant des nôtres, et ils ont rapproché des pièces de 77, qui tirent de très près sur nos avant-postes et rendent leur situation très pénible. Pour y remédier, je prescris de construire des tranchées-abris en arrière des tranchées de tir, et de relier les unes aux autres par des boyaux sinueux. D’autre part, j’invite l’artillerie à entreprendre la démolition des pièces allemandes rapprochées. Mais l’artillerie de campagne belge, qui vient d’arriver,