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bataillon à son adjudant-major, le lieutenant de vaisseau Dordet.

En rentrant à Oude-Cappelle, j’apprends deux autres choses fort désagréables. La demi-compagnie du génie, qui nous est si utile, a l’ordre de rejoindre son corps à Oost-Vleteren, et le Grand Quartier belge me réclame l’artillerie de campagne qui appartient à la 2e D. A. c’est-à-dire huit pièces sur les quatorze qui me restent. Je téléphone au général Bidon pour les sapeurs, et au colonel Brécard, chef de notre mission militaire, pour les canons. J’obtiens seulement que le retrait des pièces belges n’ait lieu que demain, et que l’artillerie de campagne dont je dispose soit complétée à douze pièces par la 6e D. A. De toutes façons, je perds donc encore deux canons.


8 novembre.

La nuit a été troublée par plusieurs attaques venant de la direction d’Eessen, mais qui n’ont pas été poussées à fond. Avant l’aube, les Allemands attaquent aussi nos tranchées du cimetière, mais sans aucun succès.

Le bombardement reste violent toute la journée sur nos tranchées du cimetière et de l’Yser, ainsi que sur notre artillerie de la région d’Oude-Cappelle.

Je pousse une visite à notre section d’obusiers de 220, afin de me renseigner exactement sur le temps qu’il faut pour changer leur orientation. Comme il faut un minimum de 10 heures de travail, je prescris de modifier tout de suite celle de l’un des matériels, de façon qu’il puisse atteindre la ville de Dixmude et ses abords. Je n’ai cependant aucun pressentiment, mais je pense, moi aussi, qu’on ne sait jamais ce qui peut arriver. Au reste, Woumen, objectif actuel de l’obusier déplacé, m’intéresse beaucoup moins maintenant.

Ces obusiers sont toujours un objet de curiosité pour nous, et les officiers de marine, habitués à leurs canons très longs, s’amusent de voir ce matériel, d’aspect archaïque, où l’ogive de l’obus reste en dehors du tube, à la position de chargement, mais nous ne le méprisons pas, certes, car nous savons bien que, si l’obus ne va pas loin, il va très exactement où l’on veut qu’il aille, et y produit des ravages terribles. Au surplus, nous connaissons bien son cousin germain, le 210, dont l’obus est celui que nous craignons le plus.

Nous subissons de fortes pertes pendant cette journée qui