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5 novembre.

Après une nuit calme, l’offensive reprend à l’aube pour la 42e division dont la brigade de droite, la 83e, doit s’emparer du ; château de Woumen et s’y établir fortement, tandis que celle de gauche, la 84e, doit progresser sur Eessen. Mais rien de cela ne se produit, malgré l’appui très puissant de l’artillerie. A la nuit, on n’a rien gagné vers Eessen, et les troupes de la 83e brigade sont immobilisées à 50 mètres des lisières du parc du château, dans lequel l’ennemi est bien abrité dans des tranchées couvertes et invisibles.

Pendant la journée, le village d’Oude-Cappelle subit deux bombardements, dont mon Q. G. reçoit sa part, et le général y perd cinq chevaux de selle, ce dont il est fort mécontent. Décidément, il doit avoir une bien mauvaise impression de ce secteur.

Au cours de la nuit, la 42e division, qui devait continuer l’offensive dès le matin, reçoit l’ordre d’aller soutenir la 38e plus au Sud, et je suis avisé que je passe sous les ordres du général Bidon qui commande deux divisions territoriales.

Pauvre 42e division ! Je la plains sincèrement de rouler sa bosse tout le long du front avec des troupes aussi fatiguées.

Ma brigade reçoit de nouveaux renforts de tous grades, et je suis quelque peu surpris de voir arriver mon neveu l’enseigne Ronarc’h, que je n’attendais pas, et que je conserve à mon état-major en qualité d’officier d’ordonnance.


6 novembre.

Le décrochage de la 42e division se fait dès l’aube, sans difficultés, à la faveur du brouillard épais. Mais, vers 10 heures, un contre-ordre du 32e corps invite le général Grossetti à reprendre l’attaque du château de Woumen, pour donner le change à l’ennemi. Comme la 84e brigade est déjà loin, le général décide de n’en rien faire. Sur ma demande instante, il me laisse 7 pièces de 75 dont 3 sont en position à De Kapelhœk (500 mètres au Sud du pont-rail), et 4 près de la gare de Caeskerke. Je n’ai plus, en effet, que 14 pièces belges en état de tirer, ce qui est vraiment bien maigre.

Les Allemands ont dû ramener leur artillerie lourde devant nous, car ils reprennent le bombardement général.

Dans l’après-midi, je reçois la visite du général Bidon à qui