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de marins Cantener a atteint le village d’Oude-Stuyvekenskerke qu’elle a trouvé vide et qu’elle occupe. Elle ne tarde pas à y recevoir des volées de schrapnells, et tout marin qui se montre est immédiatement saisi par le feu des mitrailleuses placées aux fermes Vandewoude et Dentoren.

Pendant la journée, un train blindé armé de deux canons anglais de 120 du type marine est venu aux environs d’Ootskerke pour battre les routes de Dixmude à Roulers, puis, sur ma demande, il a ouvert le feu sur Vladsloo et les nœuds de routes autour de ce village. L’une de nos batteries de 155 est envoyée à Reninghe. Elle est remplacée par une section de mortiers de 220, qui ne portent malheureusement qu’à 4 kilomètres, et que j’oriente l’un sur le village, l’autre sur le château de Woumen.

Notre bataillon de marins du front Nord est relevé par des troupes de la 6e D. A. belge, et revient en réserve au carrefour d’Oude-Barreel. Cependant, pour être renseigné du côté du Nord, je laisse le commandant de Kerros, avec deux de ses compagnies, dans le Sud du chemin-digue d’Ootskerke.

A mon Quartier-Général d’Oude-Cappelle, je fais commencer la construction d’un abri de bombardement adossé au mur Ouest de l’un des bâtiments de ferme.


4 novembre.

A 8 heures, l’attaque est reprise sur le château de Woumen par deux bataillons du 94e de ligne et deux bataillons de chasseurs, tandis que le 151e recommence ses tentatives en direction d’Eessen. L’attaque principale est celle du château sur lequel on concentre le feu de toute l’artillerie du secteur Sud. Une compagnie du 94e doit attaquer en venant de l’Ouest, tandis qu’un bataillon de chasseurs attaquera en venant du Nord, et 3 autres compagnies du 94e en venant du Sud. Malheureusement, il fait un brouillard épais, et de la digue de l’Yser Sud, où j’ai accompagné le général, on voit à cent mètres à peine.

La compagnie qui attaque face à l’Est est sous nos yeux, mais elle parait fatiguée et n’a aucun élan. Je n’augure rien de bien de son action. Presque aussitôt partie, elle s’aplatit dans une tranchée vide, ou dans un fossé qu’elle rencontre à 50 mètres du fleuve, et le général s’époumone à l’encourager, tout en faisant sonner la charge à perte d’haleine des clairons.

La compagnie repart enfin, à la grande satisfaction du général qui me dit, d’un ton paternel : « Vous voyez, cela n’est pas