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d’Oost-Vleteren, dès qu’elle aura été remplacée par des territoriaux du général Bidon. Le colonel Claudon reçoit l’ordre de reprendre l’attaque le lendemain matin, en vue d’occuper le front Notre-Dame du Bon Secours-château de Woumen inclus, en conservant le contact entre les groupes de l’Est et du Sud.

Du côté du Nord, il n’y a pas eu d’activité. Des reconnaissances envoyées le soir en avant de notre front Nord rapportent l’impression que les Allemands sont très gênés par l’inondation et qu’ils regagnent l’Yser en n’occupant plus que les fermes du polder avec beaucoup de mitrailleuses.

Le colonel Seely, ancien ministre de la guerre anglais, vient me voir à Oude-Cappelle, et nous renseigne sur ce qui se passe dans le Sud. La bataille y est très dure, et reste soumise à beaucoup d’alternatives, mais, en somme, la situation générale est satisfaisante. Les Allemands subissent des pertes énormes en attaquant obstinément en formations massives. On a su que le Kaiser était, ou se rendait à Thielt, pour suivre la bataille de près. De ma conversation avec le colonel je déduis que, pour ce qui nous concerne, nous avons cessé d’être l’aile droite de la bataille du Nord, pour devenir l’aile gauche de celle du Sud.


3 novembre.

L’attaque reprend de bonne heure sur Eessen et Woumen. A 9 heures, elle n’a pu progresser le moindrement, et je me rends à Dixmude où le colonel Claudon m’expose l’état de ses troupes, dont il n’attend pas grand’chose parce qu’elles sont usées et n’ont plus de cadres suffisants. Pendant notre entretien, arrive le colonel Le Gouvello, de l’état-major du 32e corps, qui est venu se rendre compte de la situation : il écoute attentivement, et repart pour Oost-Vleteren. Mis au courant, le général Humbert, qui commande le 32e C. A. décide que la 42e D. I. tout entière attaquera demain matin pour déboucher de Dixmude, et le colonel Claudon reste sur ses positions. A 17 heures, retour du général Grossetti que je conduis sur la berge de l’Yser Sud d’où le château de Woumen est très proche, et le général y donne ses ordres. Il prescrit de pratiquer deux passages dans la digue du fleuve, et de construire une passerelle flottante en face de chacun d’eux. Passages et passerelles sont immédiatement entrepris par les marins, à 1 kilomètre environ au Sud du pont-route de Dixmude. Dans le Nord, la compagnie