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partis. En Pologne, autant et peut-être plus qu’ailleurs, la politique étrangère est influencée, pénétrée par la politique intérieure. L’imminence du danger et l’autorité incontestée du chef de l’Etat ont pu faire « l’union sacrée. » Mais nous savons que ces unions durent peu : l’heure du péril passée, l’opposition reprend ses droits, et il est nécessaire qu’il en soit ainsi.

Les élections dont est sortie la Diète polonaise (Seim) furent préparées par un gouvernement dont les tendances étaient nettement socialistes. Le système électoral dont on fit choix fut le système belge légèrement modifié : on n’admit pas le suffrage plural et l’on étendit aux femmes les droits de vote et d’éligibilité. Le résultat fut très complexe et, il faut l’avouer, assez indécis. Il n’y a pas moins de douze partis à la Diète, sans compter les petites fractions. En tête viennent les paysans, qui sa divisent en deux groupes : le groupe Witos, ou Parti populiste (84 membres), et le groupe Thugut (23) qu’on appelle aussi Club de la libération. Le premier, composé de moyens propriétaires, est de tendance relativement modérée ; le second, qui réunit aux tout petits propriétaires les ouvriers agricoles, est très radical. L’Union populaire nationale (anciens nationaux-démocrates) compte 74 membres ; elle est dirigée par M. Gombinski et constitue, avec les 17 conservateurs que réunit le Club constitutionnel du travail, l’aile droite de l’assemblée. Au centre droit, l’on trouve la Coalition nationale populaire (73 membres), dont M. Skulski pensa faire un parti de gouvernement, le Club chrétien-démocratique (25) et le Club bourgeois (13). A gauche, le Parti socialiste (35) et le Parti des ouvriers nationaux (28), que dirige M. Brejski ; à l’extrême-gauche, le groupe des Radicaux galiciens, conduit par M. Stapinski (11). Ajoutez 10 Juifs, 9 Allemands, qui votent le plus souvent avec la gauche, et une dizaine de « sauvages. » En bonne logique parlementaire, la lutte semblerait engagée entre l’Union populaire nationale et quelques groupes annexes, d’une part, et, de l’autre, les divers partis de gauche. En fait, il existe non pas une majorité, mais plusieurs, diversement formées, suivant les circonstances, par l’appoint variable que fournissent tour à tour les partis moins nombreux. Ce mode de composition rend, en temps normal, l’exercice du gouvernement très difficile et les débats parlementaires assez confus.